WOLEU-NTEM – Vague de démissions : la honte a disparu de la politique gabonaise

Getting your Trinity Audio player ready...

Le vendredi 9 mai 2025 a révélé une vérité glaçante sur la classe politique gabonaise : au royaume du cynisme, la honte a bel et bien disparu. Dans la province du Woleu-Ntem, bastion politique longtemps fidèle au régime Bongo, plus d’une dizaine de barons du Parti Démocratique Gabonais (PDG) ont annoncé leur démission. Une vague orchestrée, presque théâtrale, avec à sa tête l’ancien Premier ministre Daniel Ona Ondo.

Ces départs ne relèvent pas d’un sursaut d’éthique ou d’une volonté sincère de se racheter. Non, ils traduisent plutôt un réflexe de survie typique de notre faune politique : quitter un navire en perdition pour en grimper un autre, plus stable, plus prometteur… et surtout, encore généreux en nominations.

Daniel Ona Ondo l’a dit sans honte : ils veulent « accompagner » le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, parce qu’ils auraient « massivement voté pour lui ». Mais depuis quand le vote donne-t-il droit à une place au pouvoir ? Et pourquoi cette volonté d’« accompagner » se traduit-elle toujours par la recherche d’un strapontin ? Le plus choquant reste cette déclaration : « Si le président venait à créer son parti, nous y adhérerons. » Autrement dit : peu importe le contenu, l’essentiel est d’être du bon côté de la mangeoire.

Mais le cas du PDG dans le Woleu-Ntem n’est que la partie visible de l’iceberg. Depuis la chute d’Ali Bongo, on observe le même phénomène dans plusieurs mouvements associatifs jadis inféodés au pouvoir. Ceux-là mêmes qui, hier encore, considéraient Ali Bongo comme un dieu vivant et le PDG comme une religion, n’ont eu besoin que d’un petit vent de transition pour renier leur foi. Sans explication, sans mea culpa. Leur seul objectif : obtenir une nomination, un avantage quelconque… ou fuir une enquête judiciaire qui pourrait très bien les rattraper.

Mais une question dérangeante s’impose : pourquoi ne peuvent-ils pas soutenir Oligui Nguema sans chercher à s’incruster dans son éventuel parti ? Ne peuvent-ils pas, pour une fois, soutenir un projet sans en attendre de retour personnel ? Ne peuvent-ils pas se retirer, accompagner discrètement une nouvelle génération de Gabonais patriotes, en coachant, en conseillant, en partageant leurs erreurs pour éviter qu’elles ne se répètent ?

Mais non. Parce qu’au Gabon, la honte n’est plus une barrière. Elle s’est évaporée sous le poids du carriérisme, de l’égoïsme et de l’obsession du pouvoir. Ceux qui devraient faire acte de repentance, demander pardon au peuple et se mettre en retrait, s’exhibent, s’imposent, s’improvisent guides d’une transition qu’ils ont tout fait pour empêcher durant des décennies.

Ils ne connaissent ni la honte, ni la dignité. Ils ne savent que ramper vers le prochain fromage.

Et c’est cela, le vrai scandale : pendant que le peuple rêve d’un nouveau départ, les caméléons politiques, eux, ne rêvent que d’un recyclage. Les Gabonais, eux, observent. Ils n’oublient pas. Et le moment venu, ils sauront faire la différence entre les bâtisseurs de demain et les fossoyeurs d’hier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *