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Le 9 mai 2025 restera, pour une grande partie de l’opinion gabonaise, une date amère. Alors que le peuple attend l’ouverture d’un procès historique contre Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Valentin Bongo, accusés de crimes financiers d’une ampleur inédite, voilà qu’on apprend à travers certains médias que les deux principaux symboles de la prédation sous le régime Bongo viennent d’être « transférés en résidence surveillée » dans leur somptueuse villa de la Sablière. Une information qui a fait l’effet d’une bombe.

Et comme si cela ne suffisait pas, cette décision semble avoir été prise dans l’opacité la plus totale. Aucune déclaration officielle, aucune justification publique, seulement quelques fuites dans une partie de la presse nationale. Pendant ce temps, les Gabonais, eux, n’en croient pas leurs oreilles. Sur les réseaux sociaux, dans les quartiers populaires, dans les marchés et les taxis, la colère gronde : ‘’comment peut-on accorder un traitement de faveur à ceux que tout le pays identifie comme les pillards de la nation ?’’
Mais le choc ne s’arrête pas là. Ce qui transforme l’indignation en véritable crise de confiance, c’est le contraste brutal avec le cas Kelly Ondo Obiang.
Condamné à 15 ans de prison pour avoir tenté, en 2019, de renverser un régime tyrannique qui affamait le peuple, Kelly est encore aujourd’hui incarcéré. Pourtant, Brice Oligui Nguema, devenu chef de la transition, avait exprimé à plusieurs reprises sa volonté de le faire libérer, allant jusqu’à affirmer : « Je cherche à le faire sortir, mais il faut passer par les lois ».
Mais alors, quelles lois permettent de libérer discrètement les Bongo dans le luxe, pendant que Kelly, qui avait osé défier une dictature, pour ce que beaucoup considèrent aujourd’hui comme un acte de résistance, croupit toujours derrière les barreaux ?

Oligui dit être « gêné » par les lois pour libérer Kelly… mais apparemment, il semble ne l’avoir pas été pour réaménager les conditions de détention de ceux que l’on accuse d’avoir trahi tout un peuple si cette information est avérée.Ce deux poids, deux mesures est tout simplement explosif. Car il expose le général Oligui Nguema à une grave crise de confiance, dans une période où l’espoir de justice et de rupture avec le passé est à son comble. La population voulait voir un procès exemplaire, des peines dissuasives, et surtout un message fort : plus jamais ça !
Mais à la place, elle voit des Bongo toujours protégés, un système judiciaire qui semble fléchir, et un héros oublié en prison, malgré les promesses.
Dans la cas où cette information était fondée, aujourd’hui, la question n’est plus seulement de savoir si le président Oligui va gracier Kelly. La question, c’est s’il peut encore convaincre les Gabonais qu’il est différent. Et pour cela, il doit s’expliquer. Clair, net, précis. Pourquoi Kelly reste-t-il emprisonné ? Pourquoi ce traitement différencié ? Et surtout : jusqu’où ira-t-il pour faire justice, ou au contraire, pour ménager les puissants ?