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Le 28 juin 2025 marquera un tournant majeur ou un festin politique dans l’histoire du Gabon. Ce jour-là, le président Brice Clotaire Oligui Nguema, élu triomphalement avec plus de 94 % des suffrages le 12 avril dernier, lancera officiellement son propre parti politique. Mais que personne ne s’y trompe : plus qu’un simple lancement, c’est le coup d’envoi d’une grande fusion cannibale, où les petits partis affamés vont se ruer pour ne pas finir digérés par le système.
Car derrière cette vitrine bien décorée de refondation républicaine, se cache un mécanisme de survie politique brutale. La récente réforme de la vie politique, avec ses critères impitoyables élus requis, ancrage local obligatoire, assise nationale indispensable a tout bonnement scellé le sort de dizaines de micro-partis. Trop petits pour survivre seuls, trop fragiles pour exister face à la tempête institutionnelle, ces groupuscules vont s’entasser dans la barque présidentielle comme des naufragés.
Mais attention : ce n’est pas l’amour du Général qui guide ces fusions précipitées. Ce sont les calculs d’arrière-cuisine, les petits deals entre camarades d’hier, les promesses de postes demain, et surtout la peur de l’oubli politique. On ne parle pas ici d’union idéologique ou de vision commune pour le Gabon. On parle d’une bataille pour ne pas disparaître, d’un ballet d’opportunismes, où les convictions sont mangées crues au nom de la survie.
Dans ce festin politique, Oligui ne manque pas de convives. Mais entre les ralliés sans foi ni loi et les satellites en quête d’oxygène, son futur parti risque de ressembler à une auberge de passage plus qu’à une force politique structurée. Car oui, le paradoxe est là : Oligui n’aura bientôt plus d’adversaires, mais il n’aura pas beaucoup plus d’alliés sincères.
Pendant ce temps, la démocratie, elle, fait du surplace, coincée entre l’euphorie des ralliés de la dernière heure et la disparition silencieuse des alternatives. Le multipartisme gabonais, jadis bruyant et désordonné, s’apprête à devenir un silence organisé, où tout le monde parle d’une seule voix, celle du pouvoir ou se tait à jamais.
Bienvenue dans la grande fusion cannibale. Et bon appétit, messieurs les survivants.