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Dans une affaire digne d’un film burlesque africain, un ressortissant camerounais, interpellé pour avoir insulté le chef de l’État gabonais, refuse catégoriquement d’être expulsé vers son pays d’origine. Son choix ? Purger une peine de prison à Libreville, avec une forte amende en prime. Quand les cellules noires gabonaises deviennent plus attirantes que la mère patrie, on est en droit de se poser de sérieuses questions
Certains rêvent de fuir la prison, lui y entre de son plein gré. L’affaire fait déjà jaser les réseaux sociaux, tant elle frôle l’absurde : un citoyen camerounais expulsé de la zone de Plaine Orety s’est retrouvé face à la justice gabonaise après avoir insulté le chef de l’État sur les réseaux. Un acte irréfléchi ? Peut-être. Mais ce qui va suivre défie toute logique géopolitique, sociologique et même carcérale
Alors que la justice s’apprêtait à lui offrir un billet retour express pour le Cameroun — sans escale, sans tapis rouge —, le monsieur a posé ses conditions. Et pas des moindres : il refuse catégoriquement d’être expulsé. Mieux : il préfère aller moisir à la prison centrale de Libreville, là où l’humidité ronge les murs, où les nuits sont longues, les cellules surpeuplées, et où le menu du jour est le même que celui d’hier (et sans doute de demain).
Cerise sur le gâteau : il est prêt à payer une forte amende pour s’assurer ce « séjour correctionnel » dans notre belle capitale. De quoi faire jalouser les détenus locaux, qui eux, y sont à l’insu de leur plein gré.
Mais alors, qu’est-ce qu’il fuit au Cameroun ? Une belle-famille enragée ? Un voisin sorcier ? Un passé trop lourd ? Ou tout simplement la réalité d’un pays qui, apparemment, lui semble plus insupportable que l’univers pénitentiaire gabonais.
C’est à croire que Libreville est devenue une station balnéaire pour damnés volontaires, une destination privilégiée pour ceux qui fuient des régimes encore plus suffocants. Une sorte de Club Med pour désespérés, version cellules noires et discipline militaire.
Et si ce cas devenait un précédent ? Verrons-nous bientôt d’autres étrangers supplier pour rester en détention chez nous ? Faudra-t-il créer des quotas, instaurer des files d’attente, ou carrément monter une « Agence nationale d’accueil carcéral volontaire » ? Avec ce genre d’initiative, le Gabon pourrait même postuler au titre de « pays d’accueil pénitentiaire modèle » au prochain sommet de l’Union africaine.
Le Gabon attire désormais… même pour ses prisons. Quand les cachots deviennent plus séduisants que la liberté ailleurs, ce n’est plus de la diplomatie : c’est du vaudou logistique. Une chose est sûre : le Cameroun doit sérieusement revoir son image, si même ses enfants préfèrent l’enfer gabonais à la lumière de leur foyer.