La récente décision du chef de l’État, annoncée par le porte-parole du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), obligeant les membres du gouvernement à passer une semaine de vacances chaque année dans leurs villages d’origine, a provoqué de nombreuses réactions. Présentée comme une initiative visant à rapprocher les dirigeants du peuple pour mieux comprendre leurs besoins, cette mesure est loin de faire l’unanimité.
Christine Bitougat, ancienne ministre sous Omar Bongo et figure emblématique du syndicalisme gabonais, a récemment exprimé une critique cinglante de cette directive lors d’une intervention sur une radio locale. Pour elle, cette décision cache des intentions politiques bien plus intéressées qu’il n’y paraît.
« Ce n’est pas nouveau, ça a toujours été ainsi, » déclare Bitouga. Selon elle, cette initiative, sous couvert de retour aux sources, n’est en réalité qu’une campagne déguisée pour le « oui » au prochain référendum. « Si on a demandé à tous les ministres de passer leurs vacances dans leurs villages, ce n’est pas pour un retour aux sources, mais plutôt pour mener campagne pour le « oui » au référendum. »
Bitouga critique également le financement occulte de cette opération, révélant que les ministres partent avec des moyens financiers fournis par l’État pour réaliser cette campagne politique déguisée. « Lorsqu’on envoie les ministres en province, on leur donne un peu d’argent… Ils ne peuvent pas rester les mains vides puisqu’ils doivent aller faire campagne, même quand il n’y a pas de campagne, » souligne-t-elle, dénonçant une manipulation politique financée par l’argent public.
L’ancienne ministre va plus loin en dénonçant le retour des anciens du régime déchu, sous des airs de renouveau. « Tout ce qu’on leur demande, c’est de ne pas faire revenir les anciens. Pourtant, tout le monde est déjà revenu, tout le monde doit revenir, même moi je vais bientôt revenir et personne n’en parlera, » ironise-t-elle, mettant en lumière la continuité des pratiques malgré les promesses de changement.
La critique acerbe de Bitougat expose une réalité politique où les actions présentées comme des initiatives pour le bien-être des populations ne sont en réalité que des stratégies pour consolider le pouvoir. « On les a envoyés pour aller faire la campagne du « oui » avec l’argent, notre propre argent, » conclut-elle, dénonçant l’hypocrisie d’une politique qui se drape dans les atours du renouveau tout en perpétuant les mêmes vieilles pratiques.
Cette intervention de Christine Bitougat rappelle que derrière les annonces officielles se cachent souvent des intentions politiques bien moins nobles que celles affichées. Une mise en garde qui résonne comme un appel à la vigilance dans un contexte où le changement promis par le nouveau régime pourrait bien n’être qu’une illusion.