À l’Université Omar Bongo (UOB), les étudiants n’attendent plus les résultats : ils attendent un miracle. Depuis la fin de l’année académique 2024-2025, certains départements de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (FLSH) notamment Sociologie, Communication, Études anglophones et ibériques n’ont toujours pas vu la couleur de leurs relevés de notes.
Et pendant que les copies dorment paisiblement dans les tiroirs de l’administration, la rentrée 2025-2026 a déjà soufflé sa deuxième bougie du mois.
À l’UOB, le temps académique semble obéir à un autre calendrier probablement lunaire. Deux mois après la reprise des cours, les étudiants de Licence 1 et Master 1 ne savent toujours pas s’ils sont passés, ajournés ou recalés.
« On vit dans le suspense total, c’est comme une série colombo mais sans le prochain épisode », ironise une étudiante en communication.
Pendant ce temps, le recteur brille par son silence légendaire. On raconte qu’il est en “réflexion stratégique” sans doute pour savoir si les notes doivent être affichées avant ou après la prochaine saison des pluies.
À force d’attendre, les étudiants sont devenus experts en endurance. Certains ont même commencé à rédiger leur mémoire… sans savoir s’ils ont validé la première année de master.
D’autres envisagent de fonder une nouvelle filière : “Attente et Espoir appliqués”, avec un tronc commun intitulé “Gestion des frustrations universitaires”.
Mais visiblement, ce n’est pas la priorité du ministère de l’Enseignement supérieur, plus occupé à inaugurer des colloques que des tableaux d’affichage.
Le ministre, interrogé (du moins tenté d’être joint), aurait déclaré que “le retard est un signe de rigueur académique”. Une façon élégante de dire que plus c’est lent, plus c’est sérieux.
À ce rythme, les étudiants de Licence 1 recevront leurs résultats en Master 2, juste à temps pour la retraite.
Pendant ce temps, le ministre continue de discourir sur “l’excellence du système universitaire gabonais” devant des caméras bien réglées, pendant que sur le terrain, c’est la panne totale.
Les amphithéâtres sont pleins, mais les tableaux d’affichage vides une métaphore parfaite de la gestion actuelle.
Entre un ministre qui plane et un recteur qui roupille, l’Université Omar Bongo semble naviguer sans capitaine.
Les étudiants, eux, n’ont plus foi ni en la direction, ni en les promesses de “rattrapage administratif”.
« On se demande si nos notes ont été mangées par des termites ou perdues dans un séminaire ministériel », lance un étudiant avec un rire jaune.
À l’UOB, on parle de “transformation du système éducatif”, mais on ne parvient même pas à transformer des copies en résultats.
Le ministre se félicite de “progrès notables”, le recteur promet “la publication imminente” (depuis juin), et les étudiants, eux, continuent d’espérer qu’un jour, leurs notes sortiront de l’ombre.
L’Université Omar Bongo, temple du savoir, est devenue le sanctuaire du retard, où l’on apprend surtout une chose : dans l’enseignement supérieur gabonais, tout s’élève… sauf le niveau de réactivité.












