À l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM), les étudiants ont décidé de faire ce que les ventilateurs ne peuvent plus faire : du bruit. Depuis le 9 octobre 2025, le campus s’est transformé en chaudron social. Grève générale, pancartes en main, slogans en bouche : les jeunes crient leur ras-le-bol face à des conditions de vie dignes d’un film d’horreur universitaire.
Pendant ce temps, le ministre de l’Enseignement supérieur, lui, préfère les colloques climatisés de Libreville et les selfies lors de “forums sur l’excellence académique”. Ironie : l’excellence qu’il prône ne passe même pas par Masuku, trop loin sans doute du tapis rouge ministériel.
Les dortoirs de l’USTM sont devenus de véritables laboratoires de survie : douze étudiants par chambre prévue pour quatre, des lits superposés dignes d’un puzzle humain, et une promiscuité telle que même les moustiques ont du mal à trouver un coin tranquille.
« On se bat pour une prise électrique comme si c’était un concours d’entrée à Polytechnique ! », lâche un étudiant excédé.
Mais visiblement, le ministre préfère fermer les yeux : sans doute pour ne pas voir la moisissure sur les murs et les seaux sous les fuites d’eau.
Côté académique, ce n’est guère mieux. Les enseignants sont eux-mêmes en grève pour des vacations impayées. Résultat : l’université tourne au ralenti, quand elle ne tourne pas en rond.
Les étudiants, eux, parlent d’une “année blanche déguisée”.
Mais rassurez-vous, le ministre a trouvé la solution miracle : organiser un séminaire sur la modernisation de l’enseignement supérieur… à Libreville, bien sûr.
Pendant que les effectifs explosent, les amphithéâtres restent les mêmes : étroits, surchauffés, et parfois sans micro. Les tables bancales témoignent d’un âge d’or disparu, et les toilettes… mieux vaut ne pas en parler.Pourtant, selon le ministre, “le gouvernement œuvre sans relâche pour améliorer le cadre de vie des étudiants”. Certainement un lapsus : il voulait dire “le cadre de vie ministériel”.
Les étudiants réclament des logements décents, des cours réguliers, et un minimum de respect pour leur avenir.
Mais du côté du ministère, on préfère parler de “revendications exagérées”. Peut-être faudrait-il que le ministre vienne dormir une nuit au campus : il comprendrait enfin la différence entre gérable et intolérable.
Un ministre à la tête dans les nuages, pendant que les étudiants dorment dans la poussière
À force de réunions de prestige et de discours creux, le ministre semble avoir oublié qu’une université, ce n’est pas seulement une photo sur une brochure.
Pendant qu’il collectionne les distinctions, les étudiants, eux, collectionnent les piqûres de moustiques et les coupures d’eau.
L’USTM voulait être le fleuron scientifique du Gabon. Elle est aujourd’hui le miroir d’un enseignement supérieur en panne et d’un ministre qui confond “supérieur” et “sur un piédestal”.












