TNT au Gabon : un projet moderne ou une illusion coûteuse ?

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Par un citoyen engagé pour une gouvernance responsable

À l’heure où le gouvernement s’apprête à relancer un projet de Télévision Numérique Terrestre (TNT) avec la société sud-africaine Aucom, de nombreuses interrogations surgissent sur la pertinence et la viabilité de ce partenariat. Peut-on vraiment parler de progrès technologique quand les fondements du projet paraissent si fragiles ? Voici une série de questions essentielles que les autorités gabonaises devraient sérieusement se poser avant d’engager durablement les finances publiques.

Pourquoi signer un contrat d’une telle ampleur sans véritable appel d’offres ni étude d’impact récente ?
  En 2021 déjà, les premiers signaux d’alerte pointaient le coût exorbitant de ce projet. Aujourd’hui, en 2025, aucune étude sérieuse n’a été rendue publique sur les évolutions technologiques ou les besoins effectifs de la population. Peut-on engager 67 milliards de FCFA sur la base d’une décision précipitée, sans transparence ni concurrence ?

Comment justifier un investissement aussi massif dans un contexte économique contraint ?
  Alors que l’État peine à financer des priorités urgentes comme l’accès à l’électricité ou à internet dans les zones rurales, peut-on décemment consacrer une telle somme à un projet dont les bénéfices restent incertains ? À titre comparatif, d’autres pays comme la Côte d’Ivoire ont déployé des systèmes similaires pour des montants nettement inférieurs. Pourquoi un tel écart de coûts au Gabon ?

Est-il raisonnable de miser sur une technologie potentiellement dépassée ?
  La TNT est-elle encore pertinente à l’ère de la 4G, de la fibre optique et des plateformes numériques comme YouTube ou Netflix, qui connaissent un essor fulgurant dans les zones urbaines gabonaises ? L’offre TNT ne risque-t-elle pas d’être rapidement délaissée, comme l’ont été les « Villages numériques » ou d’autres projets avortés faute de suivi ?

Peut-on vraiment promouvoir le contenu local sans une industrie médiatique structurée ?
  Le projet promet de stimuler la production audiovisuelle locale. Mais comment y parvenir quand le pays manque d’écoles de formation, de mécanismes de financement pour les créateurs, et d’outils de diffusion efficaces ? Ne risque-t-on pas de se retrouver avec une grille de programmes remplie de contenus étrangers ou peu qualitatifs ?

Le Gabon est-il prêt techniquement à accueillir un tel projet ?
  Avec un réseau électrique instable, une couverture internet inégale et une faible pénétration des équipements numériques dans certaines régions, comment assurer la diffusion et la réception efficaces de la TNT sur tout le territoire ? Et surtout, comment garantir la maintenance et la continuité d’un système aussi complexe sur le long terme ?

Pourquoi renouveler la confiance à des partenaires aux antécédents douteux ?
  Le Gabon a déjà connu des déconvenues avec des partenaires comme StarTimes, dont les exigences financières avaient freiné l’avancement du projet TNT initialement prévu en 2015. Aucom, bien qu’expérimentée, semble imposer un modèle coûteux sans réelle adaptation au contexte local. Pourquoi reproduire les erreurs du passé ?

Quelle alternative plus rationnelle pourrait être envisagée ?
  Plutôt que d’investir massivement dans une technologie lourde et coûteuse, pourquoi ne pas renforcer les infrastructures numériques existantes, comme la fibre optique et les réseaux 4G/5G ? Des partenariats avec des acteurs locaux auraient le mérite de réduire les coûts, de développer les compétences nationales, et d’assurer une meilleure maîtrise du projet.

moderniser, oui mais à quel prix et pour qui ?
  Le projet TNT tel que proposé aujourd’hui soulève plus d’inquiétudes que d’enthousiasme. Entre surcoût, inadéquation technologique et opacité contractuelle, il semble à contre-courant des véritables besoins du pays. Le Gabon a-t-il les moyens de s’offrir ce luxe mal calibré, ou devrait-il repenser sa stratégie numérique avec plus de lucidité et de pragmatisme ?

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