La récente décision de la ministre de la communication, Laurence Ndong, d’introduire des critères de formation pour les médias bénéficiant de la subvention annuelle à la presse écrite gabonaise soulève des inquiétudes quant à son alignement sur la vision du chef de l’État, la contredisant ouvertement. Cette annonce intervient curieusement à peine 24 heures après une augmentation significative de ladite subvention, passant de 120 millions à 500 millions de francs CFA.
Instituée initialement par feu Président Bongo, la subvention visait à soutenir financièrement les médias nationaux, renforçant ainsi leur indépendance éditoriale et améliorant leurs conditions de fonctionnement. Une vision réaffirmée par le président Oligui, qui, conscient de la fragilité structurelle de la presse gabonaise, cherchait à assurer la pérennité des médias dans le pays.
Cependant, la décision de Laurence Ndong d’assujettir une partie de cette aide à la formation des journalistes semble aller à l’encontre des intentions du chef de l’État. Au lieu de contribuer à renforcer l’indépendance des médias, elle instaure une dynamique qui dénote un désaveu flagrant des objectifs initiaux, transformant ainsi la presse privée en adversaire plutôt qu’en partenaire.
La question fondamentale ici réside dans la compréhension de la ministre de la Communication vis-à-vis des réalités du secteur de la presse et de l’intention du chef de l’État. Imposer des critères de formation représente une approche inattendue et contradictoire avec les objectifs originels de cette subvention. Le gouvernement aurait pu jouer un rôle significatif dans l’amélioration de la qualité du journalisme en finançant des formations par d’autres moyens, une pratique adoptée par ses prédécesseurs bien avant elle, sans toutefois altérer la subvention.
Il est crucial de souligner que le ministère de la communication peut mettre en place des normes, des régulations et des formations sans pour autant bâillonner le droit des journalistes à une information libre et variée. Les actions gouvernementales dans ce domaine doivent être transparentes, objectives et alignées sur les intentions du chef de l’État, plutôt que motivées par des considérations personnelles.
Tout changement dans le pays doit respecter la vision de la charte de la transition. Imposer des mesures qui semblent en contradiction avec cet esprit risque de compromettre la crédibilité du gouvernement et d’alimenter les inquiétudes quant au respect des principes démocratiques. Laurence Ndong doit faire preuve de prudence et de compréhension des enjeux délicats du secteur de la communication pour éviter de détourner les objectifs initiaux du soutien à la presse gabonaise, allant ainsi à l’encontre des intentions du chef de l’État en matière de liberté et d’indépendance médiatique.