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Dans une déclaration qui a fait grésiller bien plus que les transformateurs de la SEEG, Justine Lekogo, haute cadre de l’administration gabonaise, a évoqué sans trembler un sabotage organisé du réseau électrique national. Le hic ? Aucune preuve, aucune enquête, juste une suspicion lancée comme une ampoule grillée en pleine nuit noire. Cette sortie tient davantage du kounabelisme d’État que d’un acte de gouvernance.
Depuis quand l’administration publique se transforme-t-elle en stand-up de quartiers ? Au lieu d’un rapport technique, on a eu droit à une improvisation publique aux relents complotistes. Le devoir de réserve, pourtant inscrit dans la loi, semble avoir sauté avec le disjoncteur. Ce n’est pas au détour d’un micro qu’on lance des accusations de sabotage, surtout dans un contexte institutionnel fragile.
Pire encore, ces propos jettent l’opprobre sur des acteurs non identifiés et violent de plein fouet le principe de présomption d’innocence, consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Constitution gabonaise. Dans un pays qui veut se dire sérieux, ce genre d’accusation sans preuve devrait alerter les juridictions compétentes.
Mais l’affaire est plus grave : la crédibilité de l’État est en jeu. Alors que les Gabonais attendent transparence et solutions concrètes, ils se retrouvent avec des déclarations à mi-chemin entre rumeur et improvisation. Quand on veut redonner confiance au peuple, on ne commence pas par alimenter la paranoïa nationale.
La parole publique doit s’appuyer sur des audits, enquêtes, inspections techniques. Et non sur des « on dit » ou des hypothèses de bistro. Si panne il y a, que les corps compétents parlent. Sinon, qu’on garde le silence au nom du bon sens.
Parce que, oui : en République, on ne gouverne pas par kounabelisme. On gouverne par preuve. Et si l’électricité vacille, la lucidité, elle, doit rester branchée.
Cet article est inspiré d’une analyse de John Bikorvoser, Éveilleur de conscience cerveau allumé / Jamais édougué.