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Il y a des trahisons qui font plus mal que d’autres, car elles viennent de l’intérieur. Alors que la presse privée gabonaise, dans sa diversité et sa majorité silencieuse mais vigilante, s’apprête à faire le ménage dans ses rangs et à demander des comptes sur la gestion opaque de la subvention à la presse privée, quelques individus se réclamant d’une prétendue « coalition » se sont empressés de publier un communiqué aussi maladroit qu’insultant pour toute la profession.
Sous prétexte de remercier le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour la réhabilitation de la subvention à hauteur de 500 millions FCFA, ce groupuscule s’est permis de faire acte d’allégeance politique en soutenant publiquement sa candidature. Or, une telle prise de position, dans le contexte actuel d’une transition censée conduire le pays vers des élections libres et transparentes, constitue une grave violation des principes fondamentaux de l’éthique journalistique.
Que dit la déontologie journalistique à ce sujet ? Elle exige, entre autres, la neutralité, l’impartialité, et surtout la responsabilité. Le Code de déontologie des journalistes impose à tout organe ou professionnel des médias de s’abstenir de toute propagande ou déclaration partisane qui pourrait nuire à la crédibilité de l’ensemble de la profession.
Ci-dessous , la prétendue »Coalition »

En affichant un soutien à un candidat fût-il président de la Transition en pleine campagne électorale, ces prétendus journalistes ont trahi leur mission première : informer, analyser, décrypter, et non manipuler ou instrumentaliser l’opinion publique à des fins de carrière ou de privilèges.
Comment une coalition de « médias privés indépendants » peut-elle être légitime alors qu’elle ne regroupe même pas 10 personnes, dans un secteur qui compte plus d’une centaine de médias à travers le pays ? Pourquoi ce communiqué n’a-t-il pas été préparé collectivement ? Pourquoi l’ensemble des rédactions concernées n’ont-elles pas été consultées ? Parce qu’il ne s’agissait nullement d’une démarche collective, mais d’un coup politique déguisé, élaboré dans l’ombre pour servir des intérêts personnels au détriment de l’intérêt général de la profession.
Pire encore, cette déclaration vient enterrer une dynamique de transparence courageusement enclenchée par plusieurs véritables acteurs de la presse, qui réclament depuis des semaines la publication officielle de la liste des bénéficiaires de la subvention, les montants alloués, ainsi que les justificatifs de ces répartitions. Une demande légitime qui vise à moraliser l’usage des fonds publics et à garantir une gestion équitable.
Le comble de l’indécence a été atteint lorsque cette pseudo-coalition a cru bon de tresser des lauriers à Madame Laurence Ndong, ministre de la Communication, décriée par une large majorité de journalistes. Rappelons que deux confrères ont été traduits en justice par cette même ministre, et qu’un autre a été arbitrairement écarté de la subvention. Quelle légitimité a-t-on alors pour la glorifier publiquement, sinon celle de la soumission servile ?
Mais que cette tentative de manipulation et de division ne trompe personne. Elle ne découragera en rien les véritables combattants pour une presse libre et indépendante au Gabon. Bien au contraire, elle renforce leur détermination à assainir le secteur et à mettre fin aux pratiques opaques.
À cet effet, une grande conférence de presse est prévue ce samedi 5 avril. Elle réunira journalistes et patrons de presse qui dénonceront ensemble les diverses malversations observées lors de la répartition de la subvention. Ils exigeront publiquement que la ministre Laurence Ndong présente le rapport détaillé des travaux de la commission d’attribution, avec les noms des bénéficiaires, les montants alloués et les justificatifs de cette répartition.
Par ailleurs, les journalistes et responsables de médias se réservent le droit de porter cette affaire devant les juridictions compétentes, afin que lumière soit faite et que les responsabilités soient établies.
À ceux qui se sont autoproclamés « coalition » : vous ne parlez pas en notre nom. Et l’Histoire, que vous avez trahie pour quelques miettes, vous le rappellera.