93,25 % des marchés publics volés : la corruption prospère, les coupables paradent sans inquiétude.

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Le chiffre est vertigineux. Il n’est plus question d’exceptions justifiées, mais d’un système de prédation économique organisé, entretenu sous les habits neufs du régime de transition. Oui, le Gabon “nouveau” copie à la perfection les méthodes de l’ancien : marchés de gré à gré, favoritisme, copinage, clientélisme, et au bout du compte, la dilapidation tranquille des ressources publiques.

Ce que beaucoup redoutaient semble désormais confirmé : le CTRI, censé moraliser la gestion publique, aurait été détourné par certains opportunistes, militaires ou civils, pour servir de vache à lait à une galaxie d’ONG fictives, de PME bidon, de parasites politiques et de mercenaires économiques, tous avides de leur part du gâteau budgétaire. Le tout, au mépris total de l’article 71 du Code des marchés publics qui proscrit précisément ce type de dérive.

La transparence promise par les autorités de la transition est donc, à ce jour, un slogan creux. Et pourtant, pas une seule arrestation, pas un seul audit publié, pas un seul responsable suspendu ou traduit en justice. Tout se passe comme si cette fraude massive était une simple formalité administrative, un dérapage à peine gênant. Où est donc la fermeté tant vantée par le président Oligui Nguema ? Où est la rupture ?

La réforme des procédures de passation des marchés, annoncée en fanfare par le ministre Oyima, semble n’être qu’un colmatage tardif d’un bateau déjà éventré. Et une question brûle toutes les lèvres : fallait-il attendre l’arrivée de ce ministre pour découvrir l’ampleur de la gabegie ? Que faisaient les précédents titulaires du poste ? Et surtout, qui va payer pour cette insulte à la République et aux contribuables gabonais ?

On ne réforme pas un pays avec des phrases bien tournées et des promesses creuses. On réforme un pays en punissant les voleurs et les tricheurs, surtout quand ils se cachent sous l’uniforme ou l’écharpe tricolore. Car 93,25 % de marchés passés entre coquins et copains, ce n’est pas une maladresse, c’est une forfaiture. Et laisser les auteurs impunis, c’est cautionner la corruption, c’est organiser le pillage de l’État.

Voilà le Gabon qui change ? Non. Voilà un Gabon qui recule. Dangereusement.

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