Au lendemain de la chute du régime des Bongo, les activistes gabonais, autrefois porteurs de la voix du peuple, ont joué un rôle essentiel dans l’effondrement du pouvoir dictatorial d’Ali Bongo, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère politique. Cependant, cette unité laisse aujourd’hui place à une fracture inquiétante, alimentée par des compromis, des silences opportuns et des divisions internes, mettant en péril les fondements de la démocratie.
Les figures emblématiques de l’activisme gabonais, autrefois saluées pour leur courage, leur pertinence et leur résistance face à la dictature des Bongo, ont été les porte-étendards d’une quête démocratique. Des noms tels que Tibot Adjatys, Tata Huguette, Claire Newman, Jonas Moulenda, Messir N’nah, Landry Amiang Washington, Stéphane Zeng et d’autres étaient respectés pour leur engagement inébranlable.
Lors des élections qui ont suivi, l’activisme a contribué à la victoire d’un candidat consensuel de l’opposition. Cependant, la junte militaire au pouvoir a refusé un recomptage des votes sous prétexte que les résultats avaient été tronqués, s’emparant ainsi du pouvoir et plongeant le pays dans une transition qui, malgré des transformations apparentes, suscite des inquiétudes croissantes.
La société gabonaise, longtemps réprimée sous le joug des Bongo, a éclaté dans l’euphorie de la libération. Cependant, la décision du président Oligui de suspendre toute activité politique a créé une polarisation alarmante. L’interdiction masquée de la critique est interprétée comme une menace à la démocratie, avec des conséquences potentiellement désastreuses.
L’activisme, autrefois unifié, est désormais déchiré entre ceux qui ont choisi de rester fidèles à leur rôle critique et ceux qui ont trahi ce principe fondamental. Certains se sont jetés dans les bras du pouvoir, acceptant postes et faveurs matérielles, tandis que d’autres ont préféré le silence en espérant une récompense future.
La division actuelle au sein de l’activisme gabonais est perçue comme une victoire pour le président Oligui et son CTRI, mais elle représente une honte pour la société civile. La menace silencieuse sur la démocratie gabonaise se manifeste à travers ces compromis qui sapent la voix critique essentielle à tout système démocratique.
L’apparente stabilité de la transition masque une réalité complexe et potentiellement dangereuse. Dans cette période cruciale, la société gabonaise doit rester vigilante, refusant la dictature déguisée en ordre politique. La démocratie a besoin de voix courageuses et critiques pour prospérer, et l’activisme gabonais doit retrouver son unité perdue pour faire face à cette menace grandissante.
Par Rhonny Starr Biyong