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Raymond Ndong Sima est sorti de son silence. Et pour cause : son nom a été traîné dans la boue, mêlé sans vergogne à une opération de déguerpissement qu’il n’a ni initiée ni accompagnée. Sa mise au point sonne comme une gifle à ceux qui, incapables de gouverner avec courage et honnêteté, préfèrent ressusciter les pratiques les plus viles de l’Ancien Régime : la manipulation, le mensonge et la fabrication de coupables.
À Plaine Orety, on n’a pas seulement rasé des habitations. On tente aussi, dans les coulisses du pouvoir, de raser l’honneur des uns pour dissimuler l’irresponsabilité des autres. Un groupe d’agitateurs, auto-proclamés membres de la société civile mais visiblement bien connectés à certains réseaux d’influence, s’est arrogé le droit de parler au nom du Chef de l’État. Et tant pis pour la vérité : l’essentiel est de désigner une cible. Aujourd’hui, c’est Ndong Sima. Demain, ce sera qui ?
L’ancien Premier ministre rappelle un fait élémentaire : il n’a jamais ordonné les déguerpissements, ni mobilisé le génie militaire, ni signé les documents ayant permis cette opération brutale. Bien au contraire, sous son mandat, les démarches suivaient encore un semblant de procédure : inventaires, évaluations, réunions interministérielles… Bref, une approche légale, administrative, et surtout humaine. Mais aujourd’hui, alors que la violence des pelleteuses a réduit des familles à néant, que fait-on pour calmer la colère ? On recycle une vieille méthode : créer un écran de fumée, inventer un coupable, offrir à la foule un bouc émissaire. L’époque a changé, dit-on, mais les réflexes d’Ancien Régime sont toujours bien vivants.
Que des activistes autoproclamés se muent en porte-parole du Président de la République, sans mandat, sans légitimité, et sans même la décence de vérifier leurs affirmations, en dit long sur le climat délétère qui règne autour du pouvoir. Il ne s’agit plus de construire un pays, mais de construire des récits quitte à détruire des réputations. Et pourtant, une question simple devrait suffire à balayer les manipulations : qui a signé la réquisition des bulldozers ? Qui a donné l’ordre ? Où sont les documents ? Car oui, l’administration, c’est de l’écrit. Alors pourquoi cette soudaine amnésie collective, cette précipitation à pointer du doigt un homme parti à l’étranger pour raisons de santé, si ce n’est pour détourner l’attention des véritables décideurs ?
Il faut le dire avec force : le vrai scandale n’est pas que Ndong Sima se défende, c’est qu’il ait à le faire. Le vrai scandale, c’est qu’en 2025, dans un pays en transition qui se dit en rupture avec les pratiques du passé, on continue à régler les crises en désignant des boucs émissaires. Le vrai scandale, c’est que des gens meurent socialement et matériellement, pendant que les responsables jouent à se dérober derrière des fantômes commodes.
Le peuple n’est pas dupe. Il voit bien que les discours de changement masquent encore trop souvent les pratiques dupliquées. Quand on veut gouverner autrement, on commence par affronter la vérité, pas par maquiller ses responsabilités.
À Plaine Orety, on a détruit des maisons. Ne laissons pas les marchands d’ombre détruire aussi la justice.
Ci-dessous , la mise au point de Ndong Sima Raymond concernant les déclarations de certaines personnes se revendiquant de la société civile apparemment nouveaux portes-parole auto-proclamés du Président de la République, chef du gouvernement.
»Je constate en visionnant différentes vidéos qu’un groupe de personnes se réclamant de la société civile m’implique directement dans les récentes destructions à Plaine Orety, affirmant détenir ces informations directement du Président de la République. Ces déclarations infondées, tristes reflet de manœuvres politiciennes que nous pensions révolues, témoignent d’un culot qui n’a d’égal que leur soif manifeste de se mettre en lumière ou de se donner une légitimité.
Avant toute chose, je tiens à exprimer ma profonde compassion envers celles et ceux qui ont été déguerpis. Tous ceux qui me connaissent savent à quel point je suis attaché à la dimension humaine dans toutes mes actions.
Certaines personnes ayant développé une facilité à accuser et à indexer les gens personnellement, je souhaite leur rappeler que la fonction de Premier ministre, était une fonction officielle. Celui-ci représentait le gouvernement et n’agissait nullement à titre personnel.
Le président de la République a un porte parole officiel. Il n’a nul besoin d’usurpateurs pour exposer son point de vue à la population. Le mélange de genres qui veut que des membres de la société civile se transforment en portes parole du Président de la République est toxique. Et si chacun restait à sa place !
Concernant le fond de leurs propos, j’invite chacun à répondre à trois questions de bon sens. Si j’avais déjà eu en ma possession les informations sur les personnes déjà dédommagées :
• Pourquoi, en tant que Premier Ministre, Chef du Gouvernement, n’ai-je pas moi-même requis le génie militaire et organisé la destruction des logements concernés ?
• Pourquoi ai-je fait procéder à un inventaire des maisons impactées par le projet et à une estimation du cadre bâti, en m’arrêtant spécifiquement à la zone 1 (allant du bord de mer à l’espace derrière l’Assemblée nationale) ?
• Pourquoi ai-je chargé l’Agent Judiciaire de l’État de saisir et d’obtenir des ordonnances d’expulsion du tribunal ?
Au cours de mon mandat, j’ai organisé un grand nombre de réunions à la Primature sur ce dossier avec tous les départements ministériels et les services techniques concernés, prouvant mon attachement rigoureux aux procédures.
L’accélération de ce dossier, 30 jours seulement après mon départ de la Primature, confirme qu’un certain nombre de personnes me cassaient du sucre sur le dos, pointant ma prétendue tendance à traîner les pieds et à ralentir l’avancement des projets.
Si nous revendiquons le statut d’État de droit, le gouvernement doit être le garant du respect des règles et des procédures. Ce sont ces règles et ces procédures auxquelles je me suis scrupuleusement soumis dans ce dossier.
Pour l’instant, une question cruciale me vient à l’esprit :
• Quel ministre a introduit la réquisition des engins du génie militaire pour déguerpir les femmes, les hommes et les habitants de cette zone ?
• Et sur quels documents (l’administration étant écrite) s’est-il appuyé ?
• S’il a reçu une instruction de le faire (et de qui, d’ailleurs), n’était-ce pas son devoir de faire remarquer au donneur d’ordre qu’il ne pouvait pas, alors qu’une procédure était pendante devant les tribunaux, lancer l’opération de déguerpissement ?
Je suis parti du Gabon le dimanche 1er juin 2025 pour des raisons de santé afin de subir une opération que j’avais reportée en mars dernier pour me rendre disponible pour la campagne à l’élection présidentielle. La veille, informé de mon départ et à sa demande, le Président de la République m’a cordialement reçu.
Aujourd’hui, je me remets progressivement.
La situation actuelle à Plaine Orety doit interpeler les populations ainsi que les gouvernants sur le respect de la loi. Les déclarations des membres de la société civile qui se sont rendus sur ce site sont irresponsables et inacceptables. C’est pourquoi dès mon retour au Gabon nous nous retrouverons devant les tribunaux. »
R. Ndong Sima