Plaine Orety : Quand la parole présidentielle est kidnappée par trois « mercenaires »  du kounabélisme

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La prestation du nouveau porte-parole de la présidence, lors de sa toute première conférence de presse, avait pourtant marqué les esprits. Un ton ferme, une connaissance maîtrisée des dossiers, une diction nette et une posture qui relevait enfin le niveau de la parole publique. On croyait avoir quitté l’ère du désordre communicationnel…

Mais c’était sans compter sur le retour des vieux démons : ces activistes professionnels qui, sous couvert de société civile, se positionnent toujours là où il y a visibilité, avantages matériels ou privilèges à capter.

Pierre Mintsa, le plus bruyant du trio, s’est déjà illustré par des déclarations grotesques souvenons-nous de son célèbre : « Si Oligui Nguema ne se présente pas à l’élection, je lui porterai plainte ! ». Un opportunisme sans filtre, désormais récompensé, selon ses propres dires, par un véhicule Hilux 4×4 flambant neuf offert par le chef de l’État. Rien que ça.

Mais là où Mintsa franchit une ligne rouge, c’est en divulguant publiquement de prétendues confidences tenues lors d’une réunion à la Présidence réunion à laquelle il n’a pas assisté :

Propos controversés de Pierre Mintsa : une indiscrétion qui dérange

« Le président est rentré en colère vis-à-vis des autorités qui ont géré le dossier. Je parle du gouvernement de la Transition. Le chef de l’État a été trompé. » Pierre Mintsa, s’adressant aux déguerpis de Plaine-Orety

Une sortie verbale aussi dangereuse qu’irresponsable : Pierre Mintsa attribue au chef de l’État des émotions et des jugements graves à l’encontre de tout un gouvernement, alors qu’il n’a ni mandat, ni présence confirmée à ladite réunion. Une parole hasardeuse qui met en péril la crédibilité du Président.

Dans quelle République sérieuse accepte-t-on qu’un activiste autoproclamé devienne porte-voix des supposées frustrations du Président, et cela, en public ? Mintsa n’était pas présent à cette réunion. Il n’a aucun mandat officiel. En clair, il usurpe une parole présidentielle qu’il instrumentalise à sa manière, en exposant le Chef de l’État à des polémiques institutionnelles.

Ce comportement jette un doute profond sur la rigueur du système. Car dans une démocratie en transition, la maîtrise de la parole publique est essentielle à la stabilité. Ces propos ne relèvent ni d’un compte-rendu autorisé, ni d’un canal officiel. Ils relèvent d’un théâtre de rue, dont l’unique but est de se rendre indispensable pour mieux négocier une place au soleil.

Le duo qui l’accompagne n’arrange rien : Georges Mpaga, vieux routier de la société civile et éternel revenant des cercles d’accusation, peine à clarifier sa position tantôt moraliste, tantôt acteur politique, il flotte au gré des intérêts. Quant à Aminata, elle aligne des phrases creuses à un rythme effréné, souvent sans queue ni tête, comme si le simple fait de prendre la parole suffisait à exister politiquement.

Le trio affirme avoir été envoyé par le président lui-même pour « enquêter » sur les déguerpissements de Plaine-Orety. Mais comment croire cela sans aucune trace écrite, sans communiqué officiel, sans nomination publique ? Et surtout : que deviennent les véritables institutions d’enquête ? Où est passée la DGR ? Le B2 ? La DGSS ?

Pourquoi déléguer à des civils sans compétence ni neutralité une mission aussi sensible ? Ce n’est pas seulement un manque de respect envers les institutions de la République, c’est un risque grave pour la stabilité de l’État. Car laisser des acteurs flous s’approprier la parole présidentielle, c’est exposer le Chef de l’État à des récupérations politiques incontrôlées et à une perte d’autorité symbolique.

Le président Oligui Nguema doit, dans ce contexte, soit confirmer clairement qu’il les a envoyés, ce qui serait une erreur politique majeure, soit se désolidariser publiquement de ces sorties qui le desservent. Ne rien dire, c’est cautionner l’amateurisme. C’est affaiblir l’autorité présidentielle. C’est abandonner la parole d’État à la rue.

Le Gabon post-Bongo mérite mieux. Il mérite une parole officielle encadrée, protégée, canalisée pas des improvisations de comptoir servies par ceux qui, hier encore, servaient d’autres maîtres.

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