
Léandre Nzue, ex-maire de Libreville, traînant une sulfureuse réputation de corruption et de malversations, s’est récemment illustré par une sortie tonitruante contre l’ancien Premier ministre Billie By Nze. Cet homme, qui a pourtant été inculpé et emprisonné pour association de malfaiteurs, détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux, extorsion de fonds et bien d’autres faits criminels, se permet aujourd’hui de donner des leçons de morale. Pire, il prétend être le gardien du discours pro-Oligui Nguema, allant jusqu’à menacer quiconque oserait critiquer le chef de la transition.
Comment un individu, autrefois présenté à la télévision nationale comme un pilleur des ressources publiques, peut-il aujourd’hui se poser en défenseur de la probité et de la bonne gouvernance ? Rappelons que Léandre Nzue a été jeté en prison sous Ali Bongo pour une liste accablante de crimes financiers. Il a ensuite été libéré sans aucune explication officielle après le coup d’État militaire du 30 août 2023. Aujourd’hui, il réapparaît à la tête de l’association Ossimane, prêt à manœuvrer pour assurer la victoire d’Oligui Nguema lors de la future élection présidentielle.
Quelle est cette politique qui consiste à redonner une place de choix à ceux qui ont été pris la main dans le sac ? Si Oligui Nguema parle de « nouveau départ », pourquoi s’entoure-t-il de figures du passé qui incarnent tout ce que les Gabonais veulent voir disparaître ?
Dans sa diatribe contre Billie By Nze, Léandre Nzue n’a rien trouvé de mieux que d’attaquer l’ancien Premier ministre sur des faits passés, sans jamais répondre aux critiques légitimes que ce dernier formule à l’égard du pouvoir en place. Mais au fond, qui entre les deux a le passif le plus accablant ?
Si Billie By Nze a été mis en cause pour émission de chèque sans provision, Léandre Nzue, lui, a été accusé d’une véritable razzia sur les caisses publiques. Son passage à la mairie de Libreville a été présenté comme un modèle de corruption systémique. Ce ne sont pas quelques chèques sans provision qui peuvent être comparés à des millions, voire des milliards qui auraient disparus sous sa gestion !
Le plus incompréhensible dans cette affaire est que le pouvoir en place laisse des personnages aussi controversés que Léandre Nzue s’exprimer en son nom. Son passé douteux en fait un porte-parole discrédité avant même d’avoir pris la parole. Beaucoup de Gabonais s’interrogent désormais : si Oligui Nguema se fait défendre par des figures comme Léandre Nzue, quelle crédibilité reste-t-il à son projet de « rupture » avec le passé ?
Plutôt que de se focaliser sur des attaques personnelles et des basses manœuvres politiciennes, il serait plus judicieux de répondre aux vraies questions : quel avenir pour le Gabon ? Quelles garanties de bonne gouvernance sous la transition ? Malheureusement, tant que des figures comme Léandre Nzue seront mises en avant, les Gabonais n’auront qu’une certitude : les vieilles pratiques n’ont pas disparu.
Oligui Nguema aurait tout à gagner à se débarrasser de ces « défenseurs » encombrants. Car si ce sont eux qui doivent porter sa candidature, il ne faudra pas s’étonner qu’une partie du peuple vote contre lui, non pas par conviction, mais par rejet de ceux qui veulent parler en son nom.
Le Gabon mérite mieux que des querelles de réseaux et des régalements de comptes personnels. L’avenir du pays ne peut se jouer sur des duels d’hommes à la réputation ternie, mais sur des idées et des projets concrets.
Que chacun assume son passé et laisse les Gabonais juger en toute connaissance de cause.