
Lorsqu’un membre d’une communauté prend la parole pour dénoncer ses propres frères, c’est qu’un malaise profond s’est installé. Dr Jocelyn Ovono Engoang, Psychocriminologue, enseignant-chercheur à l’UOB, expert des tribunaux, Fang de la tribu Yenguïgn, dresse un constat implacable : les Fang excellent dans la mobilisation pour la visibilité politique mais échouent à bâtir des infrastructures essentielles à leur propre développement. Ce cri du cœur, brutal mais nécessaire, expose une réalité accablante.
Comment expliquer qu’un peuple si prompt à se sacrifier pour des causes éphémères soit incapable d’investir dans des écoles, des hôpitaux ou des infrastructures durables? Une contradiction alarmante qui met en lumière une tare collective : celle du paraître au détriment de l’action concrète. Aucun cimetière digne de ce nom, aucune salle des fêtes, aucun bâtiment communautaire à la hauteur des ambitions affichées. Pourtant, lorsqu’il s’agit de festoyer ou de financer une campagne politique, la générosité n’a plus de limites.
Dr Jocelyn Ovono Engoange va plus loin dans son analyse : les Fang n’hésitent pas à rivaliser d’ardeur pour démontrer qui a le plus contribué, qui a le plus donné, quitte à se sacrifier symboliquement sur l’autel de l’extravagance. Une posture qui interroge. Pourquoi cette frénésie du « m’as-tu vu » alors que les véritables chantiers, ceux de l’avenir, sont laissés en friche?
Bien sûr, l’héritage colonial a joué un rôle dans la fracture sociale et économique du Gabon. Mais, comme le souligne Dr Jocelyn Ovono Engoang, il serait absurde de continuer à accuser les anciens colons alors que l’auto-sabotage est devenu une norme endogène. La priorité semble être donnée aux apparences plutôt qu’à la construction d’un véritable legs pour les générations futures. Cette autocritique, bien que cinglante, doit être entendue comme un appel au réveil.
Il est temps de tourner la page des célébrations vaines et de s’engager sur la voie de la transformation réelle. La grandeur d’un peuple ne se mesure pas à la ferveur de ses banquets ni à la démesure de ses dépenses électorales, mais à la solidité des structures qu’il lègue aux générations à venir. Si les Fang veulent s’élever, ils devront troquer la parade contre l’action, les promesses contre les réalisations, et enfin, le superflu contre l’essentiel.