La République gabonaise assiste, mi-amusée, mi-inquiète, à un spectacle pour le moins surprenant. Le vice-président de la République, Moundounga, semble avoir découvert une nouvelle vocation : joueur de terrain pour son parti, l’UDB. Oui, celui-là même qui, en pleine campagne pour le second tour des élections législatives, sillonne désormais sa contrée pour soutenir les candidats recalés ou mal classés de sa formation.
Il n’est plus question de neutralité ou de hauteur institutionnelle. Non. Le vice-président a troqué sa toge de garant de la République pour le maillot partisan, brandissant le drapeau de son camp comme s’il s’agissait de l’intérêt général. Ses déclarations précédentes, où il assurait que les élections du 27 septembre dernier s’étaient déroulées à « plus de 98 % correctement », prennent aujourd’hui un sens limpide : elles n’étaient pas le fruit d’un jugement impartial mais bien d’un discours de supporter en chef.
Le mélange des genres est flagrant. L’arbitre du jeu politique devient soudain joueur et entraîne même ses troupes sur le terrain, oubliant complètement que sa fonction exigeait impartialité et vigilance. La neutralité institutionnelle, cette ligne sacrée censée séparer l’État des passions partisanes, est reléguée au placard. L’absurdité de la situation confine à la farce : comment juger un match dont on est soi-même acteur ?
Et pourtant, le spectacle continue. Les meetings se succèdent et les slogans prolifèrent, et Moundounga semble chaque jour plus à l’aise dans son rôle de vice-président militant que dans celui de représentant impartial de la République. Entre juger et jouer, l’homme semble avoir choisi son camp… et ce choix en dit long sur le mélange des genres qui fragilise encore la confiance des citoyens envers les institutions.
Au final, cette scène caricaturale révèle bien plus qu’une simple campagne : elle illustre la dérive d’une fonction sacrée, transformée en tribune électorale. Et si les mots ont un sens, le titre de vice-président pourrait désormais se lire autrement : « arbitre le matin, joueur l’après-midi », pour le plus grand étonnement… et la consternation de la République.









