Ce 28 septembre 2024, la Journée mondiale pour le droit à l’avortement résonne une fois de plus à travers le monde. En France, la mobilisation bat son plein pour défendre le droit des femmes à disposer librement de leur corps. Mais en Afrique ? Silence radio. Pire encore, il semblerait que le continent s’en fiche royalement. Alors que des millions de femmes africaines luttent chaque jour pour avoir accès à des soins de santé reproductive, les gouvernements ferment les yeux, laissant une majorité d’entre elles en proie aux avortements clandestins et aux conséquences désastreuses qui en découlent. Le cas du Gabon illustre parfaitement cette indifférence généralisée.
Dans un pays où l’avortement reste un tabou, presque criminalisé, les femmes gabonaises sont laissées à elles-mêmes. Certes, la loi permet des interruptions de grossesse dans certains cas très spécifiques – viol, inceste ou danger pour la vie de la mère – mais en réalité, ces exceptions ne couvrent qu’une fraction des besoins réels. Résultat : des milliers de femmes sont forcées de se tourner vers des pratiques dangereuses, souvent dans des conditions sanitaires désastreuses. Et les autorités ? Elles regardent ailleurs.
Ce qui choque dans cette situation, c’est l’absence totale de volonté politique pour réformer les lois obsolètes sur l’avortement. Au lieu de s’attaquer à la question de front, le Gabon et bien d’autres pays africains se réfugient derrière des traditions archaïques et des justifications religieuses. Pourtant, l’urgence est réelle : les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les taux de mortalité maternelle explosent, alimentés en grande partie par les avortements non médicalisés. Chaque année, des femmes meurent ou subissent des séquelles irréversibles parce que l’accès à un avortement sécurisé leur est refusé. Et pendant ce temps, le gouvernement continue de faire comme si de rien n’était.
Prenons l’exemple de l’Afrique du Sud. Là-bas, l’avortement est légal depuis 1996, et les effets sont palpables : une baisse significative des décès liés aux grossesses non désirées. Pourquoi le Gabon ne peut-il pas s’inspirer de ce modèle ? Au lieu de cela, le pays persiste dans son aveuglement, condamnant ainsi des milliers de femmes à souffrir en silence. L’ironie dans tout cela, c’est que ceux qui s’opposent le plus farouchement à l’avortement sont souvent les mêmes qui prétendent protéger la vie. Mais quelle vie protège-t-on vraiment lorsque des femmes sont laissées mourir ou mutilées dans des conditions d’insalubrité inimaginables ?
Et que dire du reste du continent ? L’Afrique s’en fout, tout simplement. Dans de nombreux pays comme le Sénégal ou la RDC, l’avortement est non seulement interdit mais lourdement puni, renforçant ainsi la stigmatisation et le silence autour de cette question pourtant cruciale. Les leaders religieux et politiques, main dans la main, s’opposent à toute tentative de réforme. Leur message est clair : les droits des femmes, et particulièrement leur droit à disposer de leur corps, ne sont pas une priorité.
Mais jusqu’à quand cette indifférence va-t-elle durer ? Combien de femmes devront encore payer de leur vie pour que les gouvernements africains, Gabon en tête, comprennent que la santé reproductive est un droit fondamental ? La Journée mondiale pour le droit à l’avortement devrait être l’occasion pour ces pays de réfléchir à leurs politiques défaillantes et d’admettre que leur inaction coûte des vies. Mais, pour l’instant, l’Afrique s’en fout.