L’Histoire des Grèves de la Faim au Gabon : Une Chronique de Résistance

2005 : Sylvestre RATANGA, le Précurseur

La première grève de la faim retentissante remonte à 2005 avec Sylvestre RATANGA, ancien ambassadeur et cadre du parti d’opposition Union Gabonaise pour la Démocratie et le Développement (UGDD). Privé de son passeport par les autorités, RATANGA entreprend une grève de la faim pour protester contre cette injustice. Son action ouvre la voie à une série de mouvements similaires dans le pays.

2006-2007 : Désiré Ename, le Journaliste Courageux

Entre 2006 et 2007, Désiré Ename, journaliste reporter, entame une grève de la faim après la suspension de son journal « Écho du Nord » suite à des pressions politiques. Son action est significative et marque les esprits, rappelant l’importance de la liberté de la presse et de l’expression au Gabon.

2007 : Les Étudiants Conscients

En 2007, un groupe d’étudiants exclus de l’Université Omar Bongo, regroupés sous le nom de « l’étudiant-conscient », se lance dans une grève de la faim devant l’imposant mur de l’UOB. Parmi eux, des leaders comme Louis Philippe MBADINGA, alias le Che, et ses camarades MBOVOUE EDOU Ghislain Le Doux, OVONO EYI Innocent, ESSONO MVE Samy, Jonas OSSOMBÉ, Oswald NGOMO, et Emmanuel ATSAME MINKO. Leur action vise à protester contre leur exclusion et à réclamer des conditions d’éducation justes.

2009 : Les Politiques en Grève

En 2009, Bruno Ben MOUBAMBA engage une grève de la faim pour protester contre l’organisation des élections présidentielles et réclamer la publication de son rapport. À la même période, André MBA OBAME se lance également dans une grève de la faim pour dénoncer la victoire contestée d’Ali Bongo Ondimba. Ces actions illustrent l’utilisation de la grève de la faim comme outil de contestation politique.

2011 : Une Année de Multiples Grèves

L’année 2011 est marquée par plusieurs grèves de la faim. Armand Landry DJETINI, étudiant gabonais en Tunisie, tente d’attirer l’attention d’Ali Bongo sur ses conditions de vie précaires. Désiré ABAA et ses partisans demandent le départ des forces françaises du Gabon. En septembre, neuf membres de la CONASYCED (Confédération Nationale des Syndicats du Secteur Éducation) protestent contre la suspension des salaires des enseignants grévistes depuis 9 mois. Grâce à l’intervention de Basile MVE, alors archevêque de Libreville, leurs revendications sont finalement entendues.

2012 : Les Étudiants et les Employés en Lutte

En 2012, dix-neuf étudiants détenus à la Direction Générale des Recherches entament une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention déplorables. La même année, d’anciens employés de Gabon Fret réclament le paiement de 17 mois de salaires impayés en recourant également à la grève de la faim.

2013-2014 : Les Écoliers et les Stagiaires

En 2013, environ 250 élèves entament une grève de la faim pour protester contre l’interdiction de passer leur baccalauréat à cause de documents prétendument falsifiés. En 2014, d’autres grèves de la faim ont lieu, impliquant une trentaine d’élèves candidats au bac ainsi que des stagiaires de l’ENI et du CFIA. Ces mouvements soulignent l’importance de l’éducation et des droits des étudiants.

2023 : Ali Bongo Ondimba, le Président en Grève

La plus récente grève de la faim est celle d’Ali Bongo Ondimba, président du Gabon de 2009 à 2023 et ancien ministre de la Défense de 2006 à 2009. Entamée il y a quelque temps, cette grève soulève des questions sur sa mémoire des nombreuses grèves de la faim de ses compatriotes et sur sa capacité à répondre à leurs revendications. Sa grève semble être plus une réclamation des « coupés-coupés » dont il est adepte qu’une véritable action de protestation.

L’histoire des grèves de la faim au Gabon est une chronique de résistance et de détermination. De 2005 à 2023, ces actions ont été un moyen pour les Gabonais de lutter contre l’injustice, de réclamer leurs droits et de faire entendre leur voix. Elles témoignent de la résilience et de la volonté de changement de la population gabonaise, prête à sacrifier le confort quotidien pour un avenir meilleur.

Source : Esprit Africain.

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