Depuis plusieurs mois, la société gabonaise est en ébullition, se questionnant sur l’avenir du pays à la suite de la diffusion du projet de Constitution, circulant sur les réseaux sociaux. Ce texte, censé jeter les bases de la future République gabonaise, suscite des débats passionnés. Dans cette atmosphère d’intense réflexion, les positions se multiplient, motivées tour à tour par la raison, l’émotion, des intérêts personnels ou communautaires.
Sur les plateaux de télévision, dans les réseaux sociaux ou les journaux d’information, des intellectuels de tous horizons, parfois sans lien avec la politique ou la technique juridique, prennent la parole pour défendre des positions souvent éloignées des enjeux réels. Pour beaucoup, l’intérêt personnel prime, et ces prises de position reflètent une préparation au référendum à venir, qui validera ou non ce texte fondateur.
Dans cet océan de points de vue, une analyse se distingue : celle de Guy-Bertrand Mapangou. Juriste reconnu et acteur politique d’envergure, Mapangou éclaire les Gabonais sur la qualité du texte proposé, en rappelant l’essence même d’une Constitution. Il souligne que la Constitution est, avant tout, le substrat fondateur par lequel une société se constitue une identité commune. Il cite avec justesse Isidore de Séville : « La Loi n’est écrite pour l’avantage d’aucun particulier, mais pour l’utilité commune des citoyens. » Ce principe doit être au cœur de la réflexion sur la nouvelle Constitution gabonaise.
Mapangou rappelle que la Constitution, empruntant du latin constitutio signifiant « mettre en place », doit établir un tout, un ensemble cohérent englobant toutes les composantes de la société. Elle doit refléter la volonté du peuple gabonais et être au service de la nation, plutôt qu’une simple réflexion de certaines élites ou d’intérêts particuliers.
L’un des points clés soulevés par Mapangou dans son analyse est la nécessité impérieuse de préserver l’impersonnalité du texte constitutionnel. Une Constitution n’est pas conçue pour une seule personne ou une dynastie ; elle doit être le reflet de la volonté collective d’un peuple aspirant à une transmission du pouvoir dans des conditions transparentes et objectives. La transmission dynastique du pouvoir, argumente-t-il, est un modèle dépassé qui n’a pas sa place dans la future République Gabonaise.
En s’appuyant sur les déclarations du Président de la Transition, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, Mapangou renforce l’idée qu’une Constitution ne peut et ne doit être le miroir d’une seule personne. Elle doit plutôt servir de cadre pour l’édification d’institutions fortes, capables de garantir un contre-pouvoir efficace, nécessaire à l’équilibre de l’État. Dans ce sens, il cite l’adage bien connu : « Seul le pouvoir arrête le pouvoir. »
La version amendée du projet de Constitution, issue du séminaire entre le gouvernement et le CTRI, tenu du 11 au 15 octobre 2024, est selon lui la base de la discussion. Cette version intègre déjà une approche conforme à l’impersonnalité de la loi, tout en se conformant aux standards internationaux. Pour Mapangou, l’un des points cruciaux est l’encadrement rigide des modalités d’accès à la fonction présidentielle, un point incontournable pour garantir une gouvernance transparente et démocratique.
L’analyse de Guy-Bertrand Mapangou vient ainsi éclairer les Gabonais sur l’importance de ce moment historique. La future Constitution est une occasion unique de refonder le Gabon sur des bases solides, en mettant en place des institutions fortes, capables d’assurer la justice, l’équité et la transmission saine du pouvoir.
En écoutant sa voix, les citoyens gabonais peuvent s’armer des clés nécessaires pour voter en toute connaissance de cause lors du futur référendum, afin de bâtir ensemble un nouveau Gabon, juste et prospère.