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L’Angola, pendant des années, n’a cessé de bouder le Gabon et de boycotter toute initiative visant à normaliser les relations entre Libreville et les institutions africaines. Ce n’est qu’après la victoire incontestable de Brice Clotaire Oligui Nguema, obtenue dans la transparence et le respect des règles démocratiques, que le climat diplomatique semble enfin changer. Ce 12 mai 2025, le président angolais João Lourenço a été accueilli à bras ouverts à Libreville, marquant ainsi un tournant dans les relations entre les deux pays. Cependant, ce soudain réveil de l’intérêt angolais mérite d’être observé de près et soulève des questions sur ses motivations à long terme. L’avenir dira si cette chaleur diplomatique est le fruit d’un véritable rapprochement ou un simple calcul opportuniste.
Officiellement, la visite de S.E. João Lourenço s’inscrit dans le cadre d’un renforcement de la coopération bilatérale. Officieusement, elle sonne comme un acte de reconnaissance tardif, mais symboliquement fort, envers le nouveau pouvoir de Libreville, un pouvoir militaire né d’une rupture brutale avec un régime bongoïste dont l’Angola semblait s’accommoder, sans jamais trop moufter.
Car il faut bien le rappeler : entre l’ère Bongo et les débuts d’Oligui, les relations entre Luanda et Libreville s’étaient visiblement figées dans une posture de prudence diplomatique. Aucun échange de haut niveau, aucune déclaration notable, aucune main tendue. Comme si le Gabon ne pesait plus assez, ou ne comptait plus dans la stratégie régionale de l’Angola.

Il aura donc fallu qu’un militaire prenne les rênes à Libreville, et surtout qu’il tienne bon, pour que les regards changent. Aujourd’hui, le président Lourenço vient saluer un pouvoir stabilisé, qui a su s’imposer malgré les doutes, et qui semble désormais digne d’un respect officiel. À grand renfort de fanfare, de drapeaux croisés et d’hymnes chantés.
Mais cette chaleur retrouvée ne trompe personne. Elle ne vient pas effacer les années de silence. Elle interroge plutôt sur l’opportunisme ambiant de certaines chancelleries africaines qui, du jour au lendemain, découvrent des vertus à un régime qu’elles évitaient soigneusement hier.
Libreville accueille donc Luanda avec les honneurs. Mais le peuple gabonais, lui, n’est pas dupe : la fraternité affichée aujourd’hui est le fruit d’un calcul, pas d’une constance. Et cette soudaine effusion mérite bien plus de lucidité que d’enthousiasme.