Démocratie: Deux militaires, deux chemins – Goïta confisque, Oligui libère

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Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de là, un autre pays ayant connu un coup d’État militaire trace une trajectoire bien différente : le Gabon.

Ce qui se profile au Mali n’est rien de moins qu’une mise en veille prolongée de la démocratie. On invoque la faillite des partis politiques et elle est réelle pour mieux faire passer leur suppression. On proclame l’urgence de reconstruire le pays et elle est palpable pour justifier un mandat taillé sur mesure à un homme. Mais à y regarder de plus près, c’est un verrouillage du débat, une recentralisation du pouvoir, une personnalisation excessive de l’État qui se dessine.

Le pouvoir militaire malien semble désormais vouloir gouverner sans voix discordante, sans contre-pouvoirs, sans alternance possible. Un pouvoir sans opposition, c’est une dictature déguisée, même lorsqu’elle porte l’uniforme de la « refondation ».

À Libreville, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema aurait pu suivre cette même pente autoritaire. Mais contre toute attente, la transition militaire gabonaise a donné naissance à une élection présidentielle libre, transparente et apaisée, saluée aussi bien par la presse nationale que par des observateurs indépendants. Élu avec près de 95 % des suffrages exprimés, Oligui Nguema bénéficie d’une légitimité populaire qui tranche radicalement avec les simulacres électoraux auxquels nous ont longtemps habitués les régimes autocratiques.

Et surtout fait rare en Afrique post-coup d’État les partis politiques n’ont pas été muselés. Mieux encore : ils participent pleinement au jeu démocratique, tout comme une presse pluraliste qui continue d’exercer son rôle de contre-pouvoir. Ce n’est pas un décor démocratique, c’est un pas de géant vers la normalisation politique.

Là où le Mali mise sur l’effacement des structures démocratiques pour mieux asseoir un pouvoir personnel, le Gabon prend le pari risqué mais noble d’un retour au peuple. Deux visions du pouvoir, deux choix d’avenir. Le premier s’inscrit dans une logique de méfiance envers les institutions civiles. Le second, malgré ses imperfections, s’ouvre à la possibilité d’un renouveau républicain.

Il serait faux de dire que tout est parfait au Gabon. Les défis sont nombreux : justice sociale, corruption résiduelle, attentes populaires immenses. Mais en réhabilitant les urnes, en laissant s’exprimer toutes les voix, même critiques, le pays envoie un message fort : la démocratie, même vacillante, reste préférable à une dictature bien habillée.

Le cas malien doit sonner comme une alerte. Si l’on commence à dissoudre les partis politiques sous prétexte qu’ils sont faibles, à quoi s’attaquera-t-on demain ? À la presse ? Aux syndicats ? Aux libertés individuelles ? L’Afrique n’a pas besoin de nouveaux hommes forts. Elle a besoin d’institutions fortes, de citoyens écoutés, de dirigeants responsables.

Le Gabon, sans donner de leçon, montre qu’une transition militaire peut déboucher sur une respiration démocratique. Le Mali, lui, semble faire le choix inverse : celui de l’étouffement progressif.Mali – Gabon : Deux trajectoires post-putsch, deux visions de la démocratie

Le 29 avril 2025, les forces vives du Mali, réunies dans le cadre des Concertations nationales, ont lancé un appel solennel au Général Assimi Goïta pour qu’il reste au pouvoir encore cinq ans. Cerise sur le cercueil démocratique : elles recommandent dans la foulée la dissolution pure et simple des partis politiques. Au nom de la « refondation », c’est une démocratie déjà fragilisée qui risque l’ensevelissement définitif.

Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de là, un autre pays ayant connu un coup d’État militaire trace une trajectoire bien différente : le Gabon.

Ce qui se profile au Mali n’est rien de moins qu’une mise en veille prolongée de la démocratie. On invoque la faillite des partis politiques et elle est réelle pour mieux faire passer leur suppression. On proclame l’urgence de reconstruire le pays et elle est palpable pour justifier un mandat taillé sur mesure à un homme. Mais à y regarder de plus près, c’est un verrouillage du débat, une recentralisation du pouvoir, une personnalisation excessive de l’État qui se dessine.

Le pouvoir militaire malien semble désormais vouloir gouverner sans voix discordante, sans contre-pouvoirs, sans alternance possible. Un pouvoir sans opposition, c’est une dictature déguisée, même lorsqu’elle porte l’uniforme de la « refondation ».

À Libreville, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema aurait pu suivre cette même pente autoritaire. Mais contre toute attente, la transition militaire gabonaise a donné naissance à une élection présidentielle libre, transparente et apaisée, saluée aussi bien par la presse nationale que par des observateurs indépendants. Élu avec près de 95 % des suffrages exprimés, Oligui Nguema bénéficie d’une légitimité populaire qui tranche radicalement avec les simulacres électoraux auxquels nous ont longtemps habitués les régimes autocratiques.

Et surtout fait rare en Afrique post-coup d’État les partis politiques n’ont pas été muselés. Mieux encore : ils participent pleinement au jeu démocratique, tout comme une presse pluraliste qui continue d’exercer son rôle de contre-pouvoir. Ce n’est pas un décor démocratique, c’est un pas de géant vers la normalisation politique.

Là où le Mali mise sur l’effacement des structures démocratiques pour mieux asseoir un pouvoir personnel, le Gabon prend le pari risqué mais noble d’un retour au peuple. Deux visions du pouvoir, deux choix d’avenir. Le premier s’inscrit dans une logique de méfiance envers les institutions civiles. Le second, malgré ses imperfections, s’ouvre à la possibilité d’un renouveau républicain.

Il serait faux de dire que tout est parfait au Gabon. Les défis sont nombreux : justice sociale, corruption résiduelle, attentes populaires immenses. Mais en réhabilitant les urnes, en laissant s’exprimer toutes les voix, même critiques, le pays envoie un message fort : la démocratie, même vacillante, reste préférable à une dictature bien habillée.

Le cas malien doit sonner comme une alerte. Si l’on commence à dissoudre les partis politiques sous prétexte qu’ils sont faibles, à quoi s’attaquera-t-on demain ? À la presse ? Aux syndicats ? Aux libertés individuelles ? L’Afrique n’a pas besoin de nouveaux hommes forts. Elle a besoin d’institutions fortes, de citoyens écoutés, de dirigeants responsables.

Le Gabon, sans donner de leçon, montre qu’une transition militaire peut déboucher sur une respiration démocratique. Le Mali, lui, semble faire le choix inverse : celui de l’étouffement progressif.

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