Au Gabon, l’activisme a longtemps été le fer de lance de la contestation contre le régime autoritaire d’Ali Bongo. Ces militants dévoués ont courageusement lutté pour défendre les droits de l’homme, l’égalité des sexes, et ont exposé au grand jour les problèmes environnementaux, politiques et économiques qui plongeaient le pays dans une spirale descendante.
Le 31 août, la mobilisation populaire, orchestrée en grande partie par les activistes, a trouvé son point d’orgue lorsque la junte militaire dirigée par le général Oligui Nguema a mis fin au régime d’Ali Bongo. En reconnaissance de leur rôle crucial, Oligui a invité une grande partie de ces activistes à rejoindre l’appareil étatique, un geste destiné à intégrer leurs voix influentes dans la construction d’une nouvelle ère pour le Gabon.
Cependant, une fois au pouvoir, des fissures ont commencé à apparaître au sein de la communauté des activistes. Une lutte d’intérêts s’est engagée, mettant en lumière les véritables motivations de certains. Certains ont préféré la reconnaissance officielle et les avantages matériels offerts par le nouveau régime, devenant ainsi des ‘’activistes affairistes’’ prêts à marchander leur influence. De l’autre côté, d’autres activistes, délaissés et non récompensés, continuent de dénoncer les dysfonctionnements du nouveau gouvernement.
Cette guerre d’influence, non seulement ternit la réputation des activistes gabonais, mais met également en péril la jeune démocratie du pays. Si tous les acteurs de la société civile se rallient au gouvernement en place, comment Oligui Nguema pourra-t-il évaluer de manière objective la situation sociale du pays et ajuster ses politiques en conséquence ?
Il est regrettable de constater que des divergences d’intérêts ont pris le pas sur l’éthique et la morale qui devraient guider les activistes dans leur quête de justice et d’équité. La démocratie gabonaise, fraîchement instaurée, risque de s’étioler si les voix dissidentes au sein de la société civile sont réduites au silence.
Il est impératif que les activistes gabonais se ressaisissent, mettent de côté leurs différences personnelles et unissent leurs forces pour préserver la démocratie durement acquise. La stabilité politique du Gabon dépend de la capacité de ces militants à rester fidèles à leur mission première : défendre les droits, la justice et l’équité pour tous les Gabonais.