Dans le Gabon post-Bongo, où chaque mot et chaque geste politique sont scrutés à la loupe, un nom refuse de s’effacer, malgré les efforts acharnés pour le reléguer aux oubliettes : Alain-Claude Bilie-By-Nze. Cet ancien Premier ministre, associé à un régime accusé d’avoir ruiné le pays, continue d’occuper le devant de la scène, non pas par choix, mais par la force des critiques qui tentent de le faire taire à chaque instant.
Né à Makokou, au sein d’une modeste famille de 16 enfants, Bilie-By-Nze aurait pu mener une vie tranquille. Pourtant, dès ses premières années d’engagement politique, il s’impose comme une figure incontournable. Son passage par le Syndicat des Étudiants Gabonais (SEG) et ses débuts au Rassemblement national des bûcherons (RNB) sous l’aile de Paul Mba Abessole marquent le début d’une carrière marquée par l’ambition et le pragmatisme. Mais c’est surtout son retour en politique, après son exclusion de l’université et son emprisonnement en 2008, qui lui forge une réputation de survivant.
L’homme que l’on a voulu enterrer à plusieurs reprises est, contre toute attente, propulsé au sommet du régime Bongo en 2013. Ministre des Communications, puis Premier ministre en 2023, Bilie-By-Nze a toujours été un personnage controversé. Pourtant, ce ne sont pas ses propres actions qui le mettent aujourd’hui sous les projecteurs, mais bien les incessantes attaques de ses détracteurs, toujours prêts à déformer ses moindres paroles et gestes pour complaire aux nouveaux maîtres du pays.
Depuis le coup d’État du 30 août 2023, qui a vu la chute d’Ali Bongo, Bilie-By-Nze aurait pu choisir la discrétion, mais ce sont ses opposants qui l’ont remis sur le devant de la scène. Ses critiques, ceux qui souhaitaient voir son influence s’éteindre, ne cessent de lui donner une importance renouvelée. Chaque accusation, chaque tentative de l’isoler ne fait que renforcer sa stature. À croire que ceux qui cherchent à l’effacer sont en réalité ses meilleurs alliés. Plus on tente de le faire disparaître, plus son nom réapparaît, comme un spectre que le Gabon ne peut ni ignorer ni oublier.
Son livre récent, largement débattu, a ravivé la polémique sur son rôle dans l’histoire du pays, offrant à Bilie-By-Nze une renaissance politique malgré lui. Les attaques visant à le discréditer l’ont paradoxalement hissé en tant que rival sérieux du président de transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Ce n’est pourtant pas par volonté propre qu’il se trouve au cœur des débats, mais bien parce que ceux qui veulent sa chute n’ont de cesse de l’invoquer.
L’ironie veut que plus on critique Bilie-By-Nze, plus il semble s’ancrer dans le paysage politique, à tel point que certains le voient comme un potentiel candidat à la présidence. Sa popularité ne découle pas de son désir de revenir sur le devant de la scène, mais des efforts constants de ses opposants qui, en cherchant à le faire disparaître, l’ont fait renaître aux yeux du public.
Alain-Claude Bilie-By-Nze incarne ce que beaucoup veulent oublier, mais il est impossible de le faire disparaître. Sera-t-il le visage du renouveau ou du retour à un passé sombre ? Quoi qu’il en soit, il semble évident que cet homme, malgré lui, est devenu un acteur incontournable, non par ses propres actions, mais par l’insistance de ceux qui le combattent.