Bac 2025 : Camélia Ntoutoume Leclercq au chevet des élèves sacrifiés par son silence complice

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Il y a parfois dans l’action publique des gestes qui, sous le vernis de la compassion, révèlent en réalité l’ampleur d’un échec. L’annonce en grande pompe par Camélia Ntoutoume Leclercq, ministre d’État à l’Éducation nationale, d’un « programme d’assistance gouvernementale » aux élèves sinistrés de Plaine-Orety en est une illustration éclatante une opération de communication brillante en façade, mais profondément cynique dans le fond.

Car de quoi s’agit-il ? De venir en aide à des jeunes candidats au baccalauréat et autres examens nationaux dont les familles ont été expulsées brutalement, sans ménagement ni relogement, à moins d’une semaine des épreuves officielles. Des maisons détruites, des familles dispersées, des enfants traumatisés, et l’école sacrifiée sur l’autel de la pseudo-modernisation urbaine. Et voilà que, soudainement, la ministre apparaît pieuse, maternelle, attentionnée pour remettre ces élèves « entre les mains de Dieu et de nos ancêtres », comme si une bénédiction tardive pouvait effacer l’inhumanité d’un plan d’assainissement bâclé.

Mais où était-elle, justement, quand ces destructions ont été décidées et programmées ? N’est-elle pas membre du gouvernement ? Ne siège-t-elle pas en Conseil des ministres ? Ne savait-elle pas que l’on allait détruire des quartiers entiers en pleine période d’examen ? Pourquoi n’a-t-elle pas usé de son autorité morale et institutionnelle pour conseiller au président de surseoir à cette opération, au moins jusqu’à la fin des examens ? Pourquoi n’avoir pas dit non ? Ou du moins, pourquoi n’avoir pas réagi immédiatement ?

Ce silence, cette inaction, ce retard coupable dans la prise en charge des élèves sinistrés est la preuve d’une mauvaise coordination de l’action gouvernementale, mais surtout, d’un mépris évident pour la souffrance des populations. Car dans un pays où le pouvoir est concentré entre les mains d’un président tout-puissant, où chaque ministre doit son poste à sa loyauté et non à sa compétence, on finit par assister à ce genre de spectacle : on détruit d’une main, on compatit de l’autre. On frappe d’abord, on soigne ensuite.

Ci-dessous, des images d’enfants dont les parents viennent d’être expulsés de force du quartier Plaine-Oréty. Ils se trouvent ici dans le réfectoire mis en place à leur intention au Lycée d’État de l’Estuaire.

Les mesures annoncées sont, sur le papier, généreuses : hébergement sécurisé, soutien scolaire, suivi psychologique, repas offerts, etc. Mais elles ne feront jamais oublier que tout cela aurait pu et dû être évité. Que des élèves ne devraient jamais avoir à réviser un examen sous une tente, ni dormir la peur au ventre, ni sécher leurs larmes entre deux leçons de mathématiques.

Ce qui se passe à Plaine-Orety n’est pas seulement une crise humanitaire locale : c’est le miroir brisé d’un régime qui prétendait restaurer l’honneur et la dignité des Gabonais, mais qui se perd dans des décisions brutales, mal pensées, et tardivement corrigées.

Non, Madame la ministre, l’Éducation nationale n’est pas une cellule de crise. Elle est le cœur même de l’avenir d’un pays. Et l’on ne soigne pas une fracture avec un pansement de dernier recours. Ce que vous appelez solidarité ressemble trop à un rattrapage désespéré pour être crédible.

Les enfants n’ont pas besoin de discours spirituels. Ils avaient besoin d’un toit. D’une stabilité. D’un gouvernement qui planifie, pas qui panique.

La vérité, c’est qu’on ne joue pas avec l’avenir d’une génération. Et dans cette affaire, le mal est déjà fait.

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