Une vidéo devenue virale montre des hauts responsables de la justice gabonaise en pleine négociation secrète pour l’exfiltration de Sylvia Bongo, de son époux Ali Bongo et de leur fils Noureddin. Les images ont choqué le pays et soulevé une vague d’indignation. Pour beaucoup, cela ressemble à une trahison pure et simple. Pourtant, selon certaines sources proches du pouvoir, cette opération aurait été ordonnée par le président lui-même, dans le cadre de ce que l’on appelle la « raison d’État ». Les magistrats n’auraient été que les exécutants d’une décision stratégique, destinée à protéger le pays et à éviter des complications plus graves.
Si l’intention pouvait se justifier dans le secret des affaires d’État, la forme a été catastrophique. La vidéo, qui aurait dû rester confidentielle, s’est retrouvée dans le domaine public, exposant le régime à la colère populaire et à la critique internationale. Ce qui devait être un acte de prudence s’est transformé en scandale, fragilisant l’image du président et ébranlant la confiance du peuple en sa capacité à diriger avec discernement.
Le peuple, lui, ne parle pas en termes de raison d’État. Il parle de justice, de vérité et de dignité. La chute du clan Bongo en 2023 avait été accueillie comme un symbole de rupture avec les décennies de corruption et de manipulation. Aujourd’hui, cette perception est mise à l’épreuve. Beaucoup voient dans ces négociations secrètes une continuité de ce qu’ils avaient combattu : des deals dans l’ombre qui semblent ignorer les aspirations du peuple.
Au-delà de la polémique politique, la fuite de cette vidéo révèle des failles inquiétantes dans le système de sécurité présidentielle. Comment une opération si sensible a-t-elle pu être enregistrée et diffusée ? Pourquoi une négociation d’une telle importance n’a-t-elle pas été conduite dans un lieu sécurisé, à l’abri des micros et caméras ? La raison d’État a été compromise par un manque de vigilance qui aurait dû être impensable à ce niveau du pouvoir.
Le président Oligui Nguema se retrouve désormais face à un choix crucial. Il doit agir rapidement pour restaurer la confiance et clarifier sa stratégie. Si la décision de négocier relevait d’une stratégie réfléchie, elle doit être expliquée au peuple pour éviter que l’opinion publique ne la considère comme une trahison. Il doit reprendre le contrôle du récit et sanctionner les failles afin de démontrer que la sécurité et la justice sont sous sa stricte autorité.
Cette affaire doit être un électrochoc pour le régime et pour la République. Elle montre que la raison d’État, lorsqu’elle n’est pas maniée avec rigueur, peut se retourner contre celui qui l’ordonne. Oligui Nguema a encore une chance de transformer cette crise en démonstration de leadership, en montrant qu’il sait protéger la nation tout en respectant la confiance du peuple. Car la vraie force d’un chef d’État ne réside pas dans l’absence d’erreurs, mais dans sa capacité à tirer des leçons et à restaurer la crédibilité de ses institutions.









