Les visages marqués par l’âge et les années de labeur, les membres du Collectif des Retraités de la Mairie de Libreville, promotion 2019-2022, lèvent une fois encore la voix dans un ultime appel à l’aide. Depuis décembre 2021, ces hommes et femmes, autrefois au service de la cité, se retrouvent plongés dans une détresse silencieuse, une souffrance qui résonne dans le cœur de tout un peuple et interpelle notre conscience collective. Comment est-il possible qu’en cette époque de transition, alors que l’espoir renaît au Gabon, des pères et mères de famille soient abandonnés à leur sort, oubliés dans les méandres administratifs d’une mairie défaillante ?
Ces retraités, dont beaucoup sont aujourd’hui malades, voire grabataires, n’ont jamais reçu ce qui leur revient de droit. Pas de solde de tout compte, pas d’indemnités, pas de régularisation administrative ni de paiement de salaires depuis février et mars 2022. Une situation intenable, inhumaine, qui n’a que trop duré. Nombre d’entre eux ont déjà quitté ce monde sans avoir vu justice leur être rendue. Ceux qui restent sont laissés pour compte, sans aucun moyen de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, et encore moins à leurs soins médicaux.
Et pourtant, l’espoir avait semblé renaître avec la prise de pouvoir du Président de la Transition, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Son discours promettant de redonner dignité aux retraités gabonais avait été perçu comme une lumière dans l’obscurité. Mais cette lueur semble vaciller, car malgré la bonne volonté apparente de la nouvelle équipe municipale, le budget manque, et les dettes s’accumulent, atteignant des sommes vertigineuses. Le montant dû aux retraités s’élèverait à plus de 2 milliards de francs CFA, et la municipalité actuelle se trouve dans l’incapacité de régulariser cette dette.
C’est donc dans une dernière tentative de survie que ces retraités s’adressent aujourd’hui à Son Excellence Oligui Nguema, l’implorant de ne pas les laisser mourir dans l’indignité. Derrière ce cri du cœur, c’est toute une génération qui appelle à l’aide. Une génération qui a construit ce pays et qui se retrouve, aujourd’hui, oubliée et méprisée. Comment une nation peut-elle prétendre à l’émergence si elle abandonne ceux qui l’ont servie avec fidélité durant des décennies ?
Le Président de la Transition, connu pour sa fermeté et sa volonté de redresser le pays, doit entendre cet appel. Le peuple gabonais, lui aussi, doit s’unir dans une solidarité collective pour exiger que justice soit faite. Car il ne s’agit pas seulement d’une question de droits non versés, mais d’une question de dignité humaine, celle que chaque Gabonais mérite, qu’il soit jeune ou vieux.
Monsieur le Président, ne laissez pas vos pères et mères s’éteindre dans l’oubli. Ce cri n’est pas un simple appel de détresse, c’est une imploration d’humanité. Ces retraités ne demandent que ce qui leur est dû, et il est de notre devoir à tous de veiller à ce que leur voix ne reste pas dans le silence.
Que deviendra une nation qui laisse ses anciens périr dans la misère ?