Le Gabon, plongé dans une tourmente politique depuis le coup d’État militaire ayant renversé le président Ali Bongo, semble amorcer un semblant de retour à la normalité avec l’annonce du Dialogue National prévu du 2 au 30 avril prochain. Cependant, derrière les apparences de démocratie en marche se cache une réalité plus sombre : un processus soigneusement contrôlé par les militaires pour certainement perpétuer leur emprise sur le pays.
Ce dialogue, présenté comme l’occasion tant attendue d’initier une réforme profonde, apparaît davantage comme une mascarade orchestrée par ceux qui ont pris le pouvoir. Le décret récemment publié au journal officiel donne un aperçu inquiétant de la composition des participants : une majorité de représentants sélectionnés par l’organe militaire, le CTRI, et une poignée de représentants politiques soigneusement choisis, sous la houlette du président de la transition, Brice Oligui Nguema.
Le contrôle exercé par les militaires sur la sélection des délégués des communes et départements, combiné à la nomination de membres du CTRI, soulève de sérieuses questions sur l’indépendance et l’impartialité de ce dialogue. Il est difficile de parler d’inclusivité lorsque la voix de la société civile et des partis d’opposition est largement étouffée par une présence militaire écrasante.
Pire encore, la présidence du bureau du dialogue par l’archevêque de Libreville, Monseigneur Iba-Ba, semble être une tentative sournoise de donner une façade de légitimité morale à un processus entaché par l’autoritarisme militaire. L’influence des religieux dans la modération des débats pourrait servir à étouffer toute dissidence plutôt qu’à garantir un échange démocratique et équitable.
Les décisions prises lors de ce dialogue risquent de n’être que des parodies de démocratie, soumises à la volonté des putschistes. Le président de la transition devra « formaliser et mettre en œuvre » les conclusions dans le cadre d’une charte de transition élaborée par ceux-là mêmes qui ont renversé le gouvernement démocratiquement élu. Une charte qui, sans aucun doute, sera taillée sur mesure pour maintenir leur contrôle sur le pays.
Au lieu de représenter un pas vers une véritable démocratie, ce dialogue risque de consolider un régime autoritaire déguisé sous les oripeaux de la légitimité. Les Gabonais, méritant mieux que ce divertissement, doivent rester vigilants face à cette tentative de capturer leur avenir politique au nom d’un processus manipulé par les militaires.