Au Palais Présidentiel de Libreville, une scène chargée d’émotion s’est déroulée ce mardi alors que le Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, accueillait avec chaleur deux icônes de la musique gabonaise, Prince Rompavet et Hilarion Nguema. Ces légendes de la scène musicale, ayant marqué plusieurs générations avec leur musique emblématique, ont été honorées d’un geste significatif : la remise à chacun d’un véhicule pick-up. Un geste louable en apparence, mais qui suscite également son lot de controverses.
Ce geste de soutien vise à aider les deux artistes dans leur activité de « clando », sachant que la musique ne suffit pas à subvenir aux besoins au Gabon. Cela permettra à ces vétérans de la musique de passer leurs derniers jours à l’abri des nécessités les plus élémentaires. Cependant, cette action n’a pas manqué de soulever des critiques.
Certains voient dans cette démarche présidentielle une forme d’ignominie envers d’autres personnes âgées qui ont dédié leur vie au service de l’État. Le geste semble écarter ceux qui ont travaillé pour le bien public sans recevoir les indemnités de mise à la retraite que la loi gabonaise prévoit pourtant. Cette omission soulève un sentiment de mépris envers ceux qui ont contribué de manière loyale et dévouée à la nation.
Une femme enceinte de dix mois, désespérément en attente devant les portes fermées de Total Gabon qui lui doit ses indemnités après avoir été licenciée
Plus encore, cette générosité sélective est durement remise en question à la lumière des injustices sociales flagrantes qui persistent dans le pays. Une femme enceinte de dix mois, désespérément en attente devant les portes fermées de Total Gabon, symbolise l’abandon des plus vulnérables par les institutions censées les protéger. Le contraste entre cette détresse criante et les honneurs accordés aux artistes suscite une vive réprobation parmi ceux qui voient dans cette inaction un affront à l’humanité même.
Hilarion Nguema Rompavet recevant des mains du Président les clés de leurs voitures pick-up 4/4
Il est inconcevable que le même dirigeant qui prône la restauration de l’honneur des Gabonais laisse une compatriote dans le besoin, face à l’indifférence de son bourreau. L’honneur ne peut être sélectif, et la compassion ne peut pas être à sens unique. Cette dualité entre la reconnaissance artistique et le devoir social soulève des questions fondamentales sur les priorités d’un gouvernement et sur la véritable essence de la justice et de l’équité.
En fin de compte, ce geste présidentiel divise l’opinion publique. Si certains saluent la reconnaissance accordée aux artistes ayant marqué l’histoire culturelle du pays, d’autres condamnent fermement l’indifférence affichée envers ceux qui souffrent dans l’ombre de l’injustice sociale. Cette controverse souligne le besoin impérieux d’une gouvernance qui place l’équité et la compassion au cœur de ses actions, au service de tous les citoyens, sans exception.