Le mercredi 25 octobre 2023, le Palais de Justice de Libreville était le théâtre d’une audience publique très médiatisée opposant le Général Jean Germain Effayong Onong, Commandant en Chef de la Sécurité Pénitentiaire et Conseiller Spécial du Président de la Transition, à l’activiste Bob Fernand Mengome, agent à la Caistab (Caisse de Stabilisation et de Péréquation) du Gabon. L’activiste était incarcéré à la Prison Centrale de Libreville depuis le 18 octobre 2023. SOS Prisonniers Gabon (SPG) était présent pour assister à cette audience, qui constituait l’une des 50 affaires inscrites au rôle de la journée.
L’audience s’est déroulée dans des conditions précaires, avec une salle bondée, une climatisation défectueuse, des lumières inopérantes et des micros hors d’usage, ce qui a rendu l’écoute des déclarations des parties difficile. Cette situation a soulevé des questions sur les conditions de travail des professionnels de la justice et leur capacité à assurer une administration de la justice efficace dans de telles conditions.
L’audience a commencé à 11h15 avec la préséance, et le Général Effayong et Bob Mengone ont été appelés à la barre, accompagnés de leurs avocats. Le Président du Tribunal a brièvement rappelé les faits, à savoir que l’activiste Bob Mengone avait déclaré dans une vidéo que le Général Effayong avait sorti une arme à feu face au Lieutenant-Colonel Gabriel Assoumou Ella lors d’une réunion à Franceville. L’activiste prétendait avoir obtenu cette information du Lieutenant-Colonel Assoumou lui-même, confirmée par le Colonel Guy Eustache Mambinga, Inspecteur à la Sécurité Pénitentiaire.
Le Général Effayong a alors exposé sa version des faits, expliquant qu’il avait cherché à rencontrer l’activiste pour lui fournir sa propre version, mais que ses tentatives étaient restées sans réponse. Le Président du Tribunal a cité plusieurs officiers qui auraient été impliqués, mais aucun d’entre eux n’était présent dans la salle.
L’activiste Bob Mengone a ensuite été invité à donner sa version des événements, affirmant avoir appris l’incident à Franceville lors d’une réunion d’activistes. Il a également mentionné des conversations avec le Colonel Eustache Mambinga, affirmant que cette affaire avait été portée devant l’ancienne Ministre de la Justice.
Le Procureur de la République est intervenu pour la première fois, soulignant les déclarations de l’activiste dans sa vidéo et l’importance de clarifier si une arme avait été sortie en face du Colonel Assoumou. Le Procureur a également noté que les allégations de l’activiste pouvaient avoir des conséquences graves sur la carrière du Général Effayong.
La défense de Bob Mengone a plaidé que son client n’avait pas eu l’intention de nuire et qu’il avait cherché à obtenir des informations précises avant de faire sa vidéo. L’avocat a demandé la relaxe de son client en raison du doute quant à ses intentions.
Le Président du Tribunal a ensuite interrogé le Général Effayong sur les événements, mettant en évidence la question de savoir si une arme avait été sortie « en face » du Colonel Assoumou. La décision du tribunal semblait reposer sur cette distinction.
Le Général Effayong a demandé 50 000 francs CFA de dommages et intérêts à Bob Mengone.
La décision a été mise en délibéré pour le 8 novembre 2023, et Bob Mengone est resté en détention en attendant le verdict. Le Procureur a requis une peine de 3 mois de prison, dont 2 mois avec sursis, et une amende de 500 000 francs CFA.
Ce compte-rendu d’audience met en lumière les défis auxquels le système judiciaire gabonais est confronté en termes d’infrastructures et de procédures. Il souligne également l’importance de l’indépendance et de l’équité de la justice pour tous les citoyens. La décision finale du tribunal sera attendue avec intérêt par le public et les observateurs.
Source : Compte rendu de SOS Prisonnier .