Ngoyo Moussavou a-t-il décidé de ‘’guillotiner’’ la presse gabonaise, et Oligui le laissera-t-il faire ?

Par Rhonny Star Biyong

Un vent glacial souffle sur la liberté de presse au Gabon, et les journalistes se trouvent pris au piège d’une situation qui évoque les heures sombres du passé. Les récentes décisions de la Haute Autorité de la Communication (HAC) ont plongé le secteur médiatique gabonais dans une crise profonde, menaçant de restreindre la liberté d’expression, malgré les promesses de changement émanant du nouveau président de transition, le Général Oligui Nguema.

Le cauchemar qui avait déjà hanté les médias gabonais sous l’ère d’Ali Bongo semble revenir hanter les patrons de presse. La HAC, sous la direction de Ngoyo Moussavou, a émis un communiqué sommant plus 70% de la presse gabonaise , soient 135 médias de se conformer à ses règles iniques, sous peine de suspension dans un délai d’un mois. Ces règles, jugées discriminatoires et financièrement inaccessibles pour de nombreux médias, semblent reproduire des pratiques autoritaires du passé, malgré les espoirs suscités par la transition politique.

La situation s’aggrave avec les exigences absurdes imposées par la HAC, telles que l’obligation pour les médias de souscrire une assurance responsabilité civile, dont le coût minimum atteint 500 000 francs CFA, un fardeau financier écrasant pour de nombreuses entreprises de presse. Cela devient d’autant plus problématique lorsque l’aide gouvernementale, souvent inférieure à 200 000 francs CFA, est loin de couvrir les coûts de cette assurance. De plus, la HAC a longtemps réclamé une redevance de 500 000 francs CFA aux médias, sans offrir en retour la moindre formation ou ressource pour les aider à s’améliorer, créant ainsi un fardeau financier injuste pour les médias, en particulier les plus petits.

Toutes ces mesures semblent conçues pour étouffer la liberté de la presse au Gabon. Les médias, déjà confrontés à des difficultés financières, se voient maintenant confrontés à des obstacles administratifs et financiers qui entravent leur capacité à fonctionner efficacement. L’espoir initial de voir émerger un environnement médiatique plus libre et prospère semble s’éloigner, tandis que la confiance dans les promesses de changement du président de transition commence à s’effriter.

La survie de la presse écrite au Gabon est aujourd’hui menacée. Les journalistes se battent pour leur existence face à des pratiques discriminatoires et des charges financières insurmontables. Cette situation compromet la capacité des médias à remplir leur rôle essentiel dans la société gabonaise, celui d’informer, d’éduquer et de donner la voix au peuple.

Il est impératif que le gouvernement gabonais reconsidère ces mesures et s’engage à créer un environnement plus favorable pour les médias. La liberté de presse est un pilier fondamental de toute société démocratique, et son affaiblissement ne peut être toléré. Les promesses de changement doivent se traduire en actions concrètes visant à garantir la presse indépendante et robuste dont le Gabon a besoin aujourd’hui pour accompagner la transition en cours. L’avenir de la démocratie gabonaise en dépend.

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