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L’attaque iranienne contre la base américaine d’al-Udeid au Qatar, ce 23 juin 2025, en représailles aux frappes américaines sur ses sites nucléaires, a ravivé le spectre d’un conflit majeur au Moyen-Orient. Si cette escalade dégénère en affrontement direct entre puissances, peu de pays en Afrique seront épargnés. Le Gabon, lui, pourrait en subir les contrecoups de manière brutale, malgré son éloignement géographique.
Le premier choc serait économique. En tant que pays producteur de pétrole, le Gabon pourrait a priori se réjouir d’une hausse des cours du brut. Mais cette flambée artificielle serait à double tranchant. Car elle entraînerait une augmentation immédiate du prix des carburants à la pompe pour les citoyens, aggravant la vie chère et provoquant des tensions sociales déjà palpables dans un pays confronté à des inégalités criantes.
Par ailleurs, le Gabon importe la majorité de ses produits alimentaires, de ses équipements médicaux et de ses biens de consommation. Toute rupture dans les chaînes d’approvisionnement, tout blocage maritime dans le détroit d’Ormuz ou en mer Rouge, se répercutera sur les ports gabonais via des hausses de prix, des pénuries et des retards. Les marchés de Libreville et de Port-Gentil ressentiraient très vite les effets d’un conflit lointain.
Autre point d’inquiétude : la diaspora gabonaise présente dans le Golfe, notamment au Qatar et aux Émirats arabes unis. Ces jeunes expatriés, souvent employés dans la sécurité, l’hôtellerie ou le commerce, verraient leur situation se dégrader, voire devenir dangereuse. Les transferts d’argent vers leurs familles au pays s’en trouveraient réduits, affectant les économies locales.
Mais le plus grave pourrait venir de l’impact sécuritaire et diplomatique. Si les tensions militaires poussent les États-Unis à redéployer une partie de leurs forces ou à renforcer leurs alliances militaires, des pays comme le Gabon, historiquement proches de la France et coopérant étroitement avec les Américains, pourraient être sommés de prendre position, au risque de s’aliéner une partie de leurs partenaires stratégiques.
Dans un contexte de transition politique fragile, où les attentes du peuple gabonais sont immenses après la fin du régime Bongo, un choc extérieur de cette nature serait un stress supplémentaire pour les nouvelles autorités. Il mettrait à rude épreuve la capacité du pays à maintenir la stabilité sociale, budgétaire et politique.
En somme, croire que le Gabon peut rester neutre ou isolé face à une guerre ouverte entre l’Iran et les États-Unis serait une illusion dangereuse. Il est temps pour les autorités gabonaises de se préparer stratégiquement, d’anticiper les impacts économiques et diplomatiques, et de renforcer les mécanismes de résilience nationale. Loin des bombes, mais au cœur des conséquences.