Saison des pluies au Gabon : l’urbanisation anarchique, fléau ignoré qui tue en silence

À Libreville, comme dans d’autres villes du pays, l’urbanisation galopante est devenue un poison mortel. Les constructions se multiplient dans des zones inadaptées, telles que les lits de rivières et les mangroves, malgré les risques évidents. Ces espaces, qui devraient être protégés, sont livrés à une spéculation foncière incontrôlée, où la recherche du profit prime sur la sécurité des citoyens et la préservation de l’environnement. Le résultat : des quartiers entiers sous l’eau, des maisons emportées par des coulées de boue, et des Gabonais dévastés, obligés de tout reconstruire à chaque saison.

Ce fléau qui tue en silence est pourtant bien connu des autorités. L’État gabonais, malgré ses engagements à protéger les populations et à encadrer l’urbanisation, laisse proliférer des constructions illégales. Aucune politique sérieuse n’est mise en place pour encadrer le secteur du foncier ou pour réguler les permis de construire. Pire encore, l’insuffisance des infrastructures d’assainissement et la déforestation massive aggravent les conséquences des pluies diluviennes, faisant peser chaque année une menace plus grande sur la population urbaine.

La destruction de la mangrove , un phénomène qui plus tard favorise les inondations

L’acteur politique MINTSA ANGO Verdaly tire la sonnette d’alarme : la situation est devenue insoutenable. Si l’État ne prend pas des mesures d’urgence pour stopper l’urbanisation anarchique et reloger les habitants des zones à risque, des catastrophes encore plus graves sont à prévoir. Il propose la mise en place d’un véritable code d’urbanisme et des stratégies de prévention efficaces, pour protéger les citoyens des désastres récurrents. Mais ce n’est pas tout : Verdaly souligne également la responsabilité des populations dans ce désordre urbain.

En effet, les Gabonais eux-mêmes sont complices de leur propre malheur. Malgré les avertissements, ils continuent de construire dans des zones inconstructibles, contribuant à la destruction des écosystèmes vitaux comme les mangroves et les bassins versants. Ces espaces, essentiels pour réguler les eaux de pluie et prévenir les inondations, sont envahis par des habitations précaires, augmentant les risques de catastrophes naturelles. « Quelques fois, nous sommes responsables de nos propres malheurs », déclare Verdaly, appelant à un changement de mentalité urgent.

Les bassins versants mal entretenus sont également à l’origine des inondations que connaît Libreville.

Les conséquences sont toujours désastreuses

Pourtant, le problème ne se limite pas à l’imprudence des populations. La passivité de l’État face à cette situation dramatique est profondément alarmante. Alors que les constructions sauvages se multiplient, les autorités ferment les yeux, alimentant un cercle vicieux de destruction. Les efforts pour reloger les sinistrés restent insuffisants, et les investissements dans les infrastructures de drainage et de prévention sont quasi inexistants. Résultat : chaque saison des pluies devient un véritable cauchemar pour des milliers de familles.

La situation à Libreville et dans d’autres villes du Gabon est un triste reflet de l’échec collectif à gérer l’urbanisation. Tant que les décisions politiques ne seront pas prises pour freiner l’urbanisation anarchique et réhabiliter les zones à risque, les catastrophes continueront de s’enchaîner, tuant lentement mais sûrement des Gabonais pris au piège dans un environnement urbain en crise. Verdaly appelle à un sursaut, à la fois des autorités et des populations, pour mettre fin à ce fléau ignoré qui tue en silence.

Alors que les premières pluies de la saison s’abattent déjà sur le Gabon, il est plus que temps de réagir. Ce fléau silencieux ne disparaîtra pas de lui-même. Seule une réforme profonde de l’urbanisation et une prise de conscience collective permettront de sauver des vies et de préserver notre environnement pour les générations futures.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *