Rencontre avec la presse : Laurence Ndong et Télésphore Obame ont-ils piégé Oligui avec un choix de représentants à leur solde ?

Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema, en échangeant avec les représentants de la presse privée au Palais Rénovation ce 4 décembre, a réaffirmé son engagement à subventionner les médias privés gabonais. Une promesse de soutien financier, doublée d’une augmentation annoncée, destinée à renforcer le rôle des médias en tant que quatrième pouvoir. Si certains, parmi les patrons de la presse, se réjouissent des conclusions de cette rencontre, il n’en demeure pas moins que le choix des représentants présents fait déjà débat.

Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema face aux 3 représentants des 130 médias privés que compte le Gabon

Le ministre de la Communication, Mme Laurence Ndong, et Télésphore Obame Ngomo, patron de la communication du Chef de l’État, ont sélectionné un groupe restreint de participants, soulevant des questions sur la représentativité de cette réunion. Parmi les six principales associations de médias gabonais, l’UPIG, le RENAJI, l’OPAM, le CPPPL, l’UPF et le MPPG, seuls deux représentants locaux : l’OPAM et le CPPPL  ainsi que l’UPF, une organisation internationale, ont été invités. En dehors de ces choix, d’autres associations comme le RENAJI, l’UPIG, le MPPG, sans parler des médias non affiliés, ont été exclus. Ce choix sélectif n’a pas tardé à faire réagir.

Pourquoi, dans un souci de représentativité sincère, toutes les associations de presse n’ont-elles pas été conviées à cette rencontre cruciale ? Pourquoi les voix discordantes, notamment celles des médias non affiliés et de certaines associations importantes, ont-elles été laissées de côté ? Ce manque d’inclusivité n’aide en rien le président à se rapprocher d’une presse diversifiée, mais exacerbe plutôt les frustrations et divisions au sein de la profession.

Un choix plus réfléchi, impliquant une variété de perspectives, aurait permis d’offrir au président un tableau plus complet et nuancé de la situation des médias, loin des rapports aseptisés préparés par la ministre et son entourage. Il est d’autant plus nécessaire de rappeler que dans ce genre d’exercice, la pluralité des voix doit être de mise. Comme le dit le dicton : « Ce qui est fait pour moi sans moi est contre moi ». L’absence de l’ensemble des patrons de presse gabonais dans cette réunion soulève des doutes sur la sincérité du processus de concertation. Un président avisé devrait permettre à tous les acteurs du secteur d’avoir une place à cette table, pour éviter l’isolement et le contrôle de l’information par un petit groupe.

En agissant de la sorte, le ministre Laurence Ndong et son conseiller Télésphore Ngomo ont créé un espace où seules les voix favorables au pouvoir peuvent s’exprimer, négligeant celles qui pourraient apporter un éclairage critique sur l’état réel de la presse gabonaise. Le président Oligui doit se rendre compte que c’est en écoutant une diversité de points de vue qu’il pourra prendre des décisions éclairées.

Les trois représentants des 130 médias privés que compte le Gabon.

À un moment où le président Oligui a besoin de connaître la vérité pour prendre des décisions efficaces, il est regrettable de constater que certains de ses collaborateurs semblent toujours plus préoccupés par le contrôle de l’information que par la transparence. Le président, en s’entourant de voix uniques et confortables, risque de se couper des réalités du terrain, de cette presse qui, malgré ses imperfections, joue un rôle fondamental dans l’équilibre démocratique.

Il est grand temps pour le président Oligui de réaliser que la vérité ne peut être que plurielle, et que ce n’est pas en muselant la presse que l’on bâtit une nation forte et éclairée.

Il faut toutefois ajouter qu’une chose, et une seule, peut réellement nous réjouir à l’issue de cette rencontre : la promesse de soutien financier, doublée d’une augmentation annoncée par le Chef de l’État. C’est la seule avancée tangible que nous pouvons attribuer à cette rencontre. Et cette promesse ne nous est ni due par nos représentants, ni par Mme Laurence Ndong, ni par M. Télésphore Ngomo, mais bien par le Chef de l’État, Président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a reconnu l’importance du secteur privé de la presse gabonaise.

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