Si l’on peut se réjouir aujourd’hui de la qualité de l’offre de la presse gabonaise sur l’espace médiatique africain et mondial grâce à l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’exercice du journalisme, il est tout aussi regrettable qu’au milieu de cette excellence émerge un autre type de médias, que l’on peut qualifier de médias pirates. Ces médias sont dirigés par des charlatans de tous horizons, entrés frauduleusement dans la profession, sans formation adéquate, et dont les structures ne suivent pas toujours les régulations en vigueur. Ces derniers n’observent aucune déontologie ni éthique et, malgré les injonctions des autorités de tutelle, ils imposent de force leur présence sur la scène médiatique locale.
Ces médias pirates se distinguent par un mépris total de l’éthique et de la déontologie. Leurs pratiques incluent le chantage et la manipulation des faits pour nuire à l’image des personnalités qu’on leur a demandé de discréditer en échange de quelques billets de banque. La plupart de ces mercenaires de la plume se retrouvent à chaque conférence ou déclaration de presse sans y avoir été invités. Et si le fameux « coca », c’est-à-dire les frais de reportage, ne leur est pas versé au même titre que les médias invités, ils se mettent à galvauder la bonne et vraie information qui a été livrée à la presse pour être relayée.
Tels des maîtres chanteurs des grands films de la mafia, ces journalistes fouillent dans la vie professionnelle, politique et privée de certains leaders pour leur faire savoir qu’ils détiennent des secrets importants les concernant. S’ils ne reçoivent pas de l’argent, ces informations seront diffusées sur leurs médias. Beaucoup de chefs d’entreprise ou de leaders cèdent souvent à ce type de chantage, tandis que d’autres, plus courageux, font arrêter ces nouveaux types de maîtres chanteurs. Face à toutes ces dérives, les critères pour avoir accès à la pratique du journalisme privé et à la création d’un média se durcissent de jour en jour. Ces critères sévères s’accompagnent de sanctions dures à l’encontre des médias hors-la-loi. Malgré ces actions punitives et de sélection rigoureuse, l’image de la presse gabonaise continue de se ternir avec ces médias de basse classe dans la médiocrité de leurs rendus et dans le comportement négatif de leurs journalistes.
Le cas s’est une fois de plus répété avec une cabale médiatique lancée contre le ministre de l’Habitat après sa dernière conférence de presse. En effet, un petit groupe de pseudos journalistes aigris à la tête de médias pirates, fâchés de ne pas avoir reçu des frais de reportage au même titre que la presse invitée lors de cette conférence, ont décidé de lui pourrir la vie à travers des articles à charge et autres tracts déguisés. Le Gabon traverse un moment crucial de son histoire où tous les fils et filles du pays doivent œuvrer pour soutenir la restauration des institutions et de l’honneur du peuple gabonais. Il est inacceptable que ce type de trouble-fait continue à faire légion dans un tel processus.
La lutte contre les médias pirates et les mercenaires de la plume est une priorité pour restaurer l’intégrité et la crédibilité de la presse gabonaise. Il est impératif que tous les acteurs concernés travaillent ensemble pour instaurer un environnement médiatique sain, transparent et respectueux des valeurs déontologiques. C’est à ce prix que le Gabon pourra espérer construire une société mieux informée, plus juste et plus démocratique.