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Après une longue période de silence médiatique, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’est enfin livré à une grande interview nationale. Cet exercice, qui marque le début d’une série d’entretiens avec la presse nationale et internationale, a été accueilli avec enthousiasme par de nombreux Gabonais. Pour la première fois depuis son accession à la magistrature suprême, le chef de l’État s’est exprimé directement sur plusieurs sujets majeurs, notamment l’économie, la société et les relations internationales.
Si la prise de parole du président a été perçue comme une avancée significative en termes de communication gouvernementale, elle a également mis en lumière certains aspects à améliorer. En tant qu’homme de terrain et militaire de formation, Oligui Nguema n’a pas encore l’habitude de ces exercices médiatiques qui exigent une maîtrise des codes de la communication publique. Il serait donc pertinent que son équipe de communication le prépare plus efficacement à ce type d’échanges, notamment en l’exposant à des simulations d’interviews avec des questions complexes et des thèmes approfondis.
Le président est issu du milieu militaire, une institution réputée pour sa discrétion et son langage codifié. Cette culture de la « grande muette » se ressent parfois dans sa manière de répondre aux journalistes, où l’on perçoit une certaine prudence, voire une retenue dans l’expression de ses idées. Or, dans un contexte politique où la population attend des réponses claires et tranchées, il est essentiel que le chef de l’État s’adapte progressivement aux exigences du monde médiatique.
Sur le fond, les réponses du président ont été fidèles à sa ligne directrice depuis son accession au pouvoir. Il a abordé les sujets économiques en mettant en avant sa volonté de relancer les secteurs stratégiques du pays, d’attirer des investissements et de lutter contre la corruption. Sur le plan social, il a réaffirmé son engagement à améliorer les conditions de vie des Gabonais, notamment en matière d’éducation et de santé. Enfin, sur la scène internationale, il a insisté sur la nécessité de redorer l’image du Gabon et de renforcer ses partenariats avec les pays alliés.
Toutefois, si ses réponses ont été jugées pertinentes, elles sont restées dans la continuité de ses déclarations passées. Beaucoup attendaient des annonces fortes ou des révélations sur les prochaines étapes de la transition, mais l’exercice s’est limité à une réaffirmation des engagements déjà pris.
Le président Brice Clotaire Oligui Nguema avec les journalistes qui l’ont interviewé



Un autre aspect qui a attiré l’attention de nombreux observateurs est le langage corporel du président. Contrairement à ses interventions plus spontanées sur le terrain, son gestuel semblait ici trop calculé, ce qui a nui au naturel habituel de son expression. Cette rigidité a d’ailleurs alimenté les critiques de certains internautes, qui ont suggéré que l’interview était trop préparée à l’avance, avec des questions connues en amont.
Cependant, il est rare qu’un leader mondial se présente à une interview sans avoir une idée des questions qui lui seront posées. Pourquoi Oligui ferait-il exception ? La préparation est un exercice normal pour toute personnalité politique, mais elle doit laisser place à une certaine fluidité et spontanéité afin de mieux convaincre l’opinion publique.
Ce premier grand entretien du président marque donc un tournant dans sa stratégie de communication. Il répond à une attente forte des Gabonais qui souhaitent voir leur leader s’exprimer plus régulièrement sur les enjeux du pays. Cependant, pour maximiser l’impact de ces interventions futures, il sera crucial d’améliorer la préparation du chef de l’État, de diversifier les sujets abordés et d’adopter un discours plus accessible et percutant.
Le début est encourageant, mais le chemin est encore long pour faire de ces interviews un véritable outil de communication politique efficace. Quoi qu’il en soit, cette première prise de parole publique constitue une avancée notable, et l’on ne peut que saluer l’initiative du président de s’ouvrir davantage aux médias et, par extension, à son peuple.