Plaine Orety : visite en catimini d’Oligui, la présidence nie la présence des sans-abri dans un communiqué glaçant.

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Mais de qui se moque-t-on ?

Il faudrait sérieusement se demander à quelle heure et dans quelles conditions le Président s’est rendu sur les lieux. Car ces familles, brutalement chassées de chez elles, ne sont pas des oisifs allongés sur les gravats en plein jour. Ce sont des citoyens brisés, dont certains ont un emploi, et d’autres errent à la recherche d’un abri ou ont trouvé refuge, temporairement, ailleurs. Fallait-il attendre qu’ils reviennent à la nuit tombée pour enfin daigner les voir ?

La vérité, c’est que cette visite n’a servi qu’à valider un mensonge savamment orchestré. Aucun matelas. Aucun témoignage. Aucun visage marqué par la détresse. Juste un terrain soigneusement vidé et nettoyé pour l’occasion. Un décor aseptisé, préparé pour ne pas heurter les yeux du Chef ou alors, c’est ce dernier qui refuse d’assumer le drame humanitaire provoqué sous ses ordres. L’illusion d’un calme maîtrisé. En réalité : une opération de camouflage indigne, aux relents d’un autre temps, ou pire encore, le déni volontaire d’une situation aussi tragique que honteuse.

Si « aucun sans-abri » n’a été vu, cela veut-il dire que tous ont été relogés ? Et par qui ? En combien de jours ? Avec quels moyens ? Le mutisme de l’État sur ces questions est coupable. D’autant plus que des sources évoquent déjà un mort et plusieurs AVC. Silence radio. Compassion zéro.

Ce que les Gabonais attendaient de leur Président, ce n’était pas un passage éclair sur un terrain vidé à la hâte, mais une main tendue, une reconnaissance de la souffrance, une réponse humaine à une détresse provoquée par l’État lui-même. Au lieu de cela, ils ont eu droit à une froide mise en scène. Un déni. Une gifle.

À qui profite ce théâtre ? Certainement pas au peuple, qui croyait en une nouvelle République porteuse d’une véritable rupture avec les pratiques d’avant le coup d’État du 30 août 2023.

On ne bâtit pas un pays sur le mensonge. On ne dirige pas une Nation en détournant le regard du mal qu’on cause. Et on ne respecte pas un peuple en le méprisant dans son malheur.

Président Oligui, la prochaine fois, allez voir les sans-abri la nuit, là où ils existent. Ou alors, ayez le courage de dire que leur souffrance ne vous intéresse pas.

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