Plaine Orety rasée : sans état d’âme, Louango cite la loi, ignorant les larmes de 1500 familles en detresse .

Getting your Trinity Audio player ready...

Par quelle aberration Juste Louango Bouyomeka, alors que presque tout un pays se soulève pour défendre les expulsés de Plaine Orety, a-t-il pu croire qu’il suffisait de brandir un simple article de loi pour justifier l’expulsion brutale de plus de 1500 familles ? En invoquant froidement l’article 20 de la Constitution, cet ancien conseiller du président de la Transition, censé protéger les plus vulnérables, s’est transformé en l’incarnation glaçante d’un élitisme technocratique déconnecté, parlant de « cadre de vie » pendant que des enfants sont contraints de dormir à même le sol. Une honte qui révulse et qui crie l’injustice.

Ce lundi 9 juin 2025, sur sa page Facebook, Juste Louango s’est fendu d’une sortie juridique creuse, froide, insensible. Selon lui, les déguerpissements sont justifiés par la « nécessité publique », une notion qui aurait été « légalement constatée », au mépris total de la réalité humaine sur le terrain. Mais quelle nécessité publique justifie qu’on pulvérise les maisons de familles entières sans relogement préalable ? Où est cette fameuse « juste et préalable indemnisation » dont parle l’article 20 ? Sur le papier peut-être. Mais sur le terrain, ce sont des hurlements, des pleurs, des crises d’AVC, et même la mort d’une femme !

Des centaines de Gabonais ont été réveillés par les bulldozers, non par des lettres d’indemnisation. Des enfants, à quelques jours du BEPC ou du Bac, ont vu leurs cahiers, leurs uniformes et leurs rêves ensevelis sous des gravats. Que veut-on leur dire ? Qu’un texte de loi vaut plus que leur avenir ? Que l’ordre public justifie leur anéantissement social ?

La version officielle selon laquelle les populations auraient été notifiées et indemnisées est largement contestée. De nombreux habitants assurent ne jamais avoir été recensés, encore moins indemnisés. Certains locataires, qui ne possédaient ni titre foncier ni relations administratives, ont tout perdu, sans même être prévenus. Et pendant ce temps, Juste Louango, bien au chaud, tape du droit constitutionnel sur son clavier comme un métronome bureaucratique.

Ce qui choque encore plus, c’est le manque d’humanité dans la déclaration de Juste Louango. Pas un mot sur les victimes. Pas un mot de compassion. Pas une interrogation sur les méthodes militaires brutales. Ce silence volontaire est révélateur d’une posture : celle d’un homme plus pressé de plaire à une autorité que de défendre le peuple.

Mais à qui Juste Louango veut-il donc faire plaisir ? À ses anciens collègues de la Présidence ? À des investisseurs en quête de terrains ‘’libérés’’ ? À des intérêts opaques qui prospèrent sur les ruines des plus pauvres ? Sa déclaration sonne comme un mot de remerciement adressé à ceux qui orchestrent ces démolitions. La servilité de façade est ici plus forte que le devoir de justice.

Et que dire de ceux qui se souviennent qu’à Bikélé, Juste Louango lui-même aurait arraché un terrain à un couple d’enseignat à Bikélé ( Zong), profitant de son statut de proche du pouvoir  ? Lui, dont une partie des terres aurait été acquise dans une opacité bien connue ? Ce même Louango qui parle aujourd’hui de légalité avec une froideur doctrinaire ? Voilà le visage de l’hypocrisie nationale : des lois appliquées aux pauvres, mais contournées par les nantis.

Juste Louango aurait dû être une voix de tempérance, d’équilibre. Il aurait pu appeler à une mise en œuvre plus humaine de la loi. Il aurait pu demander un moratoire, le temps de finir les examens scolaires. Il aurait pu plaider pour le relogement d’urgence des familles. Mais il a préféré l’arrogance juridique à la responsabilité politique.

En cela, il ne s’est pas seulement discrédité : il a trahi. Trahi sa fonction, trahi les valeurs de solidarité nationale, trahi les Gabonais les plus vulnérables.

Dans un pays en reconstruction, chaque parole publique compte. Celle de Juste Louango aurait pu rassembler, apaiser, éclairer. Elle a divisé, choqué et ravivé les douleurs. La meilleure chose qu’il pourrait faire désormais, c’est se taire, et laisser les vrais défenseurs du peuple parler à sa place.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *