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À Libreville, les pelleteuses n’épargnent rien. Derrière l’Assemblée nationale, non loin de l’ambassade de Chine, le quartier Plaine Oréty se vide de ses habitants, ses maisons réduites en poussière, ses familles jetées à la rue sans relogement ni secours. L’opération de déguerpissement, menée dans le 2ème arrondissement, a engendré en quelques jours un désastre humain que le pouvoir semble regarder sans ciller.
Face à cette situation, Dieudonné Minlama Mintogo, président d’Ensemble Pour la République (EPR), est sorti de son silence. Dans une déclaration rendue publique ce dimanche, il tire un signal d’alarme : ce n’est plus une simple question de gestion urbaine, mais une crise humanitaire majeure. Pour lui, des milliers de Gabonais, désormais sans toit, se battent pour survivre sans aide, sans encadrement, sans compassion institutionnelle.
Loin de s’enliser dans les débats techniques ou juridiques sur la légitimité des démolitions, Minlama appelle à l’essentiel : la solidarité. Il exhorte les citoyens, les associations, les confessions religieuses à se mobiliser, à organiser des chaînes d’entraide, à réagir par des dons ou par des actions concrètes sur le terrain. Il interpelle également l’État : ouvrir un dialogue avec les sinistrés, revoir la stratégie de déguerpissement, et surtout, agir pour loger dignement ceux qui ont tout perdu.

Il propose même que les forces de défense soient réquisitionnées non pas pour surveiller ou réprimer, mais pour bâtir des camps d’urgence, afin que les enfants, les femmes, les personnes âgées ne continuent pas à dormir à même le sol dans leur propre pays.
Mais que fait l’État ? Où est la compassion nationale ? Le silence complice des institutions contraste violemment avec la souffrance visible sur les visages des sinistrés. La politique du bulldozer sans plan social ne peut être un mode de gouvernance dans un pays qui se veut réconcilié avec sa population.
Ce qui se joue à Plaine Oréty est un test moral pour la République. C’est l’idée même de justice sociale qui vacille sous les gravats. Laisser faire, détourner le regard, ou justifier l’injustifiable, c’est accepter que demain, d’autres quartiers, d’autres vies, soient sacrifiées au nom d’une modernisation sans âme.
Il est encore temps de réagir. Mais chaque jour de silence rend la honte plus lourde, et la fracture plus profonde.