Le 30 juillet 2024, lors d’une conférence de presse retentissante, Victoire Issembe, épouse Lasseni Duboze, nommée députée de l’Assemblée nationale transitoire, a officiellement lancé le Mouvement Concorde Nationale (MCN). Devant une assemblée composée de membres et sympathisants, elle s’est jointe à la cohorte d’anciens leaders politiques et associatifs qui refusent de disparaître durant cette période de transition censée aboutir à la construction d’un nouveau Gabon.
Dans un contexte où les partis politiques ont été suspendus afin de toiletter la liste pléthorique et fictive des formations existantes, nombreux sont les anciens leaders qui tentent désespérément de se repositionner. Depuis des décennies, ces partis inactifs ont profité des subventions étatiques et permis à leurs leaders de gravir les échelons vers des postes prestigieux, sans jamais réellement influencer le jeu politique gabonais. Aujourd’hui, ces mêmes leaders s’accrochent farouchement à la scène politique, refusant d’être mis à l’écart du nouveau système en construction.
Victoire Lasseni Duboze, ancienne candidate à l’élection présidentielle d’août 2023, a présenté les objectifs de son mouvement avec une rhétorique qui se veut prometteuse. « Le MCN compte des hommes et des femmes engagés pour le Gabon et pour ceux qui s’engagent à servir le Gabon et non à s’en servir », a-t-elle proclamé. Pourtant, son passé en tant que fervente militante de l’ancien régime laisse planer des doutes sur la sincérité de ses intentions.
Les discours sur l’unité et le service de la communauté, bien que louables, sonnent creux face à l’histoire récente de ces acteurs politiques. Lasseni Duboze n’a pas manqué de rappeler l’évènement du 30 août 2023, où les Forces de défense et de sécurité ont, sous la direction du président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema, exprimé leur unité nationale. Cependant, sa déclaration sur la promesse de paix et de bonheur réalisée le 30 août apparaît comme une tentative opportuniste de surfer sur un événement populaire pour légitimer sa nouvelle position.
En vérité, cet opportunisme politique n’est qu’un énième exemple d’anciens partisans du système corrompu et déchu cherchant à se repositionner pour les prochaines élections. Ces anciens soutiens inconditionnels du régime passé se ruent vers la création d’associations, non pas pour servir le peuple, mais pour garantir leur retour à la « mangeoire ».
Le Gabon a encore un long chemin à parcourir pour créer un environnement politique authentique et digne, animé par des leaders intègres agissant au nom du peuple et de l’honneur. L’heure est venue pour les Gabonais de dénoncer et de rejeter ces manœuvres opportunistes, et de réclamer une véritable réforme politique où les nouveaux dirigeants se consacreront réellement à l’intérêt général plutôt qu’à leurs propres ambitions.
Le temps est venu de tourner définitivement la page sur ces pratiques honteuses et de construire un Gabon où chaque citoyen a sa place, et où les leaders politiques sont réellement au service de la nation.