A Nfoulayong, le 18 octobre 2025, ce qui devait être une journée ordinaire d’expression démocratique s’est transformé en cauchemar pour trois compatriotes dont les familles sont aujourd’hui sans nouvelles. Tout a commencé aux premières heures du scrutin, vers 7h30, lorsqu’ils ont voulu installer une simple pancarte sans la moindre inscription à proximité du centre de vote de l’école publique de Nfoulayong, non loin du dispensaire abandonné.
Alertés, les policiers en poste leur ont d’abord demandé de déplacer leur pancarte. Les jeunes s’exécutent et s’éloignent d’une centaine de mètres pour la replanter, toujours sans slogan ni mention politique. Mais à peine les trous creusés, les agents reviennent, cette fois pour les interpeller manu militari, avant de les conduire au commissariat.
Informé de la situation, le candidat indépendant Pierre Nsala Ondong se rend sur les lieux. Il cherche à comprendre. Pourquoi arrêter de simples citoyens qui n’ont causé aucun trouble ? La réponse du commissaire tombe, froide et sans appel : « Trouble à l’ordre public. » Et lorsqu’il tente de raisonner, on lui oppose un mur de silence. Les jeunes, dit-on, ne pourront être relâchés qu’après 18h, à la fin du scrutin.



Les trois jeunes disparus
Mais depuis cette heure, plus aucun signe de vie. La dernière fois que leurs proches les ont vus, c’était vers 15h30, lorsqu’ils leur ont apporté de l’eau et quelques sandwichs. Depuis, plus rien. C’est sur les réseaux sociaux que les familles apprennent qu’ils auraient été transférés à Libreville, vers une unité de police non identifiée.
Pierre Nsala Ondong, visiblement éprouvé, dénonce un climat d’intimidation. Selon lui, ces arrestations s’inscrivent dans une série de pressions orchestrées contre son collectif, créé le 27 septembre pour dénoncer le transport massif d’électeurs venus de l’extérieur de la circonscription, une manœuvre attribuée au PDG à Meyang.
« Hier encore, confie-t-il, j’ai reçu un appel anonyme me conseillant de quitter Ntoum avant 20h. Ils veulent me faire taire. »
Au-delà du sort de ces trois jeunes, c’est tout un symbole qui se joue ici : celui d’un Gabon où le simple fait de s’exprimer ou d’exister en dehors des cadres partisans peut devenir un risque.
Le Magazine Super Star exprime sa solidarité à la famille des disparus et à tous ceux qui subissent les pressions du silence. Dans un État de droit, personne ne devrait disparaître pour avoir voulu planter une pancarte sans inscription.
Où sont-ils ? Qui a donné l’ordre ? Pourquoi tant d’opacité ?
Autant de questions qui appellent des réponses. Et vite.
Car derrière chaque silence, il y a une douleur qui grandit, et une démocratie qui s’éteint.











