Lettre d’adieux d’une jeune enseignante condamnée à mort par l’État gabonais.

Rongée par la maladie, abandonnée, appauvrie et méprisée par l’Etat gabonais qui l’employait, Daniella ANGUE, une jeune enseignante de philosophie affectée à Mimongo vient de se laisser mourir pour arrêter de souffrir comme beaucoup d’autres jeunes fonctionnaires gabonais qui travaillent sans salaire pour l’Etat gabonais.

Dans sa lettre posthume, la jeune diplômée en philosophie souhaite que l’on garde d’elle, le meilleur et qu’il ne soit plus laissé à aucun autre  jeune gabonais de mourir comme elle.

L’annonce de son décès vient de provoquer une grande émotion sur la toile.

 Lettre posthume de Daniella ANGUE :

‘’Bonjour à tous, vous ne me connaissez certainement pas mais je vais me présenter à vous.

Je suis Daniella ANGUE, diplômée en philosophie de l’école normale supérieure.

Affectée en décembre 2020, je n’ai malheureusement jusqu’à là,  JAMAIS perçu un centime.

Je ne suis pas seule dans cette situation, mais ma situation à moi est particulière car, aujourd’hui je ne suis plus des vôtres.

En effet, rongée par la maladie et dépourvue du moindre sous, je me suis résolue malgré moi à faire la grande traversée. Je suis partie, vous me manquez déjà.

Bref, assez parlé de moi. La situation que j’ai vécu ces 14 derniers mois est celle de près de 400 autres amis et collègues de l’école normale supérieure.

Abandonnés, appauvris et méprisés, certains n’ont simplement pas la grâce de mourir car ce que nous subissons est inhumain.

Toutes ces études, ces efforts, ces espoirs à l’eau.

Avoir un Bac+5 et ne pas être capable de se soigner, de se nourrir, de se loger, c’était cela notre condition. Aujourd’hui, j’en suis soulagée.

J’ai toujours aimé mon pays, j’ai toujours voulu le servir. Je me voyais enseigner la philosophie quelque part dans le Gabon, je me voyais parler de Nation, de Conscience, de Religion, de Pouvoir… à ces enfants qui en ont besoin. Hélas, je m’en vais avec tout. Ma carrière s’arrête avant d’avoir commencé, je n’avais pas d’argent pour me faire soigner convenablement.

En 2022, des gens travaillent sans être payés, l’État nous      a abandonnés.

Souvenez-vous de moi, gardez de moi le meilleur.

Ne laissez plus aucun des nôtres mourir, plus aucun.

ADIEU’’

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