Les pseudos vandales de l’Engong Stadium d’Oyem acquittés faute de preuves.

Construit lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations (CAN), le Stade d’Engong d’Oyem sis à Assok-Ngom avait été vandalisé par un groupe se présentant comme la Cellule du Grand Nord (CGN) qui avait tenté de l’incendier. L’action avait été revendiquée à partir  d’une vidéo très vite devenue virale sur les réseaux sociaux, il y a de cela près de deux ans. Interpelés et écroué pour cette affaire, N’nang Mezui Anatole et Essimegame Ondo viennent d’être déclarés non coupables de toutes les accusations qui pesaient sur eux. C’est ce que nous révèle ‘’SOS PRISONNIERS GABON’’ dans un communiqué publié sur son site d’information le 14 juin 2022.

‘’SOS PRISONNIERS GABON’’ est une ONG qui œuvre pour la défense des droits des prisonniers Gabonais.

Le commando la Cellule du Grand Nord (CGN)

Ci-dessous, le communiqué de SOS PRISONNIERS GABON :

Affaire destruction du stade d’Oyem en 2020:

N’nang Mezui Anatole et Essimegame Ondo non coupables de destruction des biens, non coupables d’incitation à la révolte, non coupables de participation à un mouvement insurrectionnel, non coupables d’association de malfaiteurs.

Deux prévenus en détention préventive depuis 20 mois, ont finalement été reconnus non-coupables dans l’affaire de la destruction du stade d’Oyem en 2020

N’nang Mezui Anatole, ancien leader estudiantin (fondateur de la ligue Estudiantine des droits de l’homme) a comparu en compagnie de Essimegame Ondo et Medzo Jacques Chirac à l’audience du Tribunal Correctionnel Spécialisé du vendredi 10 juin 2022.

Tous sont poursuivis pour destruction des biens publics, incitation à la révolte, participation à un mouvement insurrectionnel, association de malfaiteurs.

Jacques Chirac a été le premier à prendre la parole. Il a relaté que, courant août 2020, il avait reçu l’appel téléphonique d’un inconnu avec numéro masqué, que son interlocuteur lui aurait dit qu’il avait un message à lui délivrer.

C’est ainsi que les deux individus se sont vus. Au cours de cette rencontre, l’interlocuteur de Medzo Jacques Chirac, l’aurait invité à intégrer les cellules de jeunes leaders pour déstabiliser le pays.

Pour convaincre Medzo d’intégrer le groupe, son interlocuteur lui aurait dit que du côté d’Oyem, N’nang Mezui Anathole est déjà dans son une cellule de déstabilisation. C’est ainsi que Chirac serait allé à la Police pour signaler aux agents qu’Anathole est déjà dans une cellule de déstabilisation à Oyem.

A la question du Tribunal de savoir si Chirac connaît le nom ou le numéro de téléphone de celui qui l’avait appelé, il dira qu’il n’a ni son nom ni son numéro de téléphone.

Quant à N’nang Mezui Anathole, il dira au Tribunal que c’était le 7 août 2020.

Il revenait du village voir la famille. Vers 17h, qu’il a reçu le coup de fil de Jacques Chirac et il a commencé à demander à son « ami »  » Tu as eu mon numéro où ? », car les deux amis s’étaient séparés en queue de poisson en 2015. Ils n’étaient plus en contact depuis cette année.

Chirac dit alors à son ami qu’il est à Oyem et que sa mère serait hospitalisée, qu’il a besoin d’aide pour l’évacuation de sa maman vers Libreville.

Anathole, pris de compassion, va alors décider d’aller à la rencontre de son ami pour lui donner 50.000 FCFA à titre de contribution pour la santé de la mère de Chirac.

Mais à peine les deux étaient en train de marcher dans la ville d’Oyem que les éléments du B2 d’Oyem sont venus les arrêter. Anathole a été menotté, pendant que son ami Chirac pouvait toujours bouger ses mains à sa guise.

C’est ainsi qu’il va apprendre qu’il a été arrêté pour la destruction du stade d’Oyem et autres. Et qu’il a été torturé pour qu’il avoue les faits. Il a passé plusieurs mois de garde à vue au B2. Il dit aussi qu’il ne connaît pas les faits pour lesquels il a été arrêté et que c’est Jacques Chirac qui lui a tendu un piège, en disant que sa mère est malade.

Mais Jacque Chirac dira au Tribunal qu’il avait appelé Anathole sous la menace des agents.

Quant à Essimegame Ondo, il dira qu’il avait été arrêté par le service de renseignement au stade de Bitam pendant qu’il était en train d’entraîner ses joueurs (les enfants), puis conduit au B2 d’Oyem, avant d’être transféré à Libreville avec Anathole et Chirac, et qu’il ne connaît pas Anathole ni Chirac.

Il dit qu’il n’a jamais pris part à une réunion ou quoi que ce soit visant à déstabiliser le pays à Oyem. Il a même précisé au Tribunal qu’il est membre du PDG depuis 1990.

Les trois mis en cause ont été déféré au Parquet de la République à Libreville le 02 octobre 2020.

Le Procureur de la République avait alors demandé aux agents où est le témoin dans cette affaire. Anathole a été surpris de voir que le témoin que les agents avaient présenté au procureur n’était rien d’autre que Medzo Jacque Chirac. Mais ce jour, Jacques n’a pas été capable de témoigner.

Puis ils ont été envoyés devant le juge d’instruction. Anathole et Essimegame Ondo ont été placés sous mandat de dépôt, Medzo Jacque Chirac a été mis en liberté provisoire.

Le Tribunal va encore poser la question à Chirac, vous étiez témoin de quoi ?

Il va donc répondre qu’il n’était témoin de rien du tout.

Le Procureur de la République, lors de ses réquisitions a rappelé qu’en 2020, certains activistes de la diaspora de France, du Canada avaient créé des cellules au pays de déstabilisation et ces cellules travaillaient en croisement.

Il va aussi dire au Tribunal que Medzo Jacque Chirac qui avait réalisé la dénonciation auprès des OPJ, a aussi été interpellé, donc il ne s’agit pas d’une cabale contre Anathole.

Il demande à la Cour de les condamner selon les dispositions en vigueur.

Quant à Me Obame Sima, l’avocat de N’nang Mezui Anathole – le seul qui a un avocat dans cette procédure -, après avoir remercié la Présidente du Tribunal pour la brillante instruction menée à la barre, va s’insurger  » contre la facilité avec laquelle deux Gabonais ont été arrêtés (N’nang Mezui Anathole et Essimegame Ondo), torturés, et gardés en détention préventive pendant 20 mois.

L’avocat ajoute qu’il n’y a même pas un commencement d’infraction pour lequel son client est poursuivi.  » Tout est incohérent. »

Sur le délit d’incitation à la révolte, Me Obame Sima demande au Tribunal s’il s’agit d’une incitation verbale ou écrite ? Montrez-moi une affiche d’Anatole où il incite à la révolte ! Montrez-moi une personne qu’Anatole a appelée pour aller troubler le 17 août à Oyem !

« Le Ministère Public doit être honnête, en disant qu’à la suite de l’instruction à la barre, il n’y a rien, donc la relaxe, » dira Me Obame Sima.

Sur le délit d’association de malfaiteurs, selon l’avocat, pour qu’il y ait association de malfaiteurs, la première chose est que les personnes doivent se connaître. Or, Anathole ne connaît aucun des deux.

Ensuite, on doit avoir les actes de préparation pour commettre l’acte, il n’y a aucun acte, martèle l’avocat.

« Comment est-ce possible qu’on arrête des gens, qu’on les tortures sans éléments, » s’interroge Me Obame Sima.

Sur le délit de destruction des biens, le conseil d’Anathole demande au tribunal : « Qu’est-ce qui a été détruit ? Montrez-moi les photos.

Il n’y a pas d’infraction, mais mon client a été exposé, montré à la télévision,” ajoute Me Obame Sima.

L’avocat d’Anathole ne va pas s’arrêter là, il va également charger Medzo Jacque Chirac en disant que c’est un indic, un mauvais indic, et que son travail c’est salir les autres. Il souhaite même que Medzo Jacque Chirac fasse également un tour en prison, afin de savoir ce que les autres ont subi en prison à cause de lui. L’avocat demande donc la relaxe de son client.

La Présidente du Tribunal, a suspendu l’audience pour quelques minutes, et la décision a été rendue séance tenante. Anathole et les deux autres ont été déclarés non-coupables de tous les chefs d’accusation. Anathole et Essimegame ont donc recouvré leur liberté de mouvement vendredi en début de soirée.

Voici deux personnes qui ont été arrêtées à l’intérieur du pays, transférées à Libreville sans aucun élément probant.

Leur avenir a été hypothéqué, leurs vies seront marquées à jamais par leur détention et les sévices subis.

SOS Prisonniers Gabon, pour l’Indépendance de la Justice : HUMANISONS LES PRISONS

 

 

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