Le Gabon traverse une période sombre de son histoire, marquée par une menace insidieuse qui ronge les fondements mêmes de notre société. Si les gangs de rue à Port-Gentil et Libreville sont connus pour semer la terreur dans nos quartiers, il est crucial de comprendre que ces criminels visibles ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Derrière les portes closes de nos institutions, se cache une menace encore plus pernicieuse : des gangs bien plus discrets, mais tout aussi dangereux, qui œuvrent dans l’ombre, sapant la stabilité et la paix de notre pays.
Prenons l’exemple récent de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG). Ce fleuron national, qui devrait garantir à chaque citoyen un accès fiable à l’électricité et à l’eau potable, est aujourd’hui un symbole de la dégradation institutionnelle. Après une série de scandales retentissants, le chef de l’État a été contraint de placer l’entreprise sous administration. Pourquoi ? Parce qu’un réseau de criminels, opérant en toute impunité, manipulait les données informatiques pour fausser les factures des clients, remplissant ainsi leurs poches aux dépens de la population. Ce n’est pas un simple cas de mauvaise gestion ; c’est du pur banditisme organisé, qui asphyxie la confiance des Gabonais dans leurs institutions.
Mais la SEEG n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Le cancer de la corruption a métastasé dans presque toutes les sphères de notre administration. Dans les ministères, des fonctionnaires sans scrupules détournent les fonds publics, les soustrayant aux projets essentiels pour le développement du pays. Ces mêmes individus, pourtant censés servir l’intérêt général, se révèlent être les architectes d’un système de prédation qui appauvrit la nation.
La justice, qui devrait être le dernier rempart contre de tels abus, est elle-même gangrenée. Des magistrats, portant le symbole de la justice et arborant la toge avec arrogance, trahissent leur serment en transformant les tribunaux en véritables scènes de crime. Au lieu de défendre les droits des citoyens, ils se livrent à des pratiques corruptrices, faussant les verdicts, manipulant les lois pour servir des intérêts privés. Ils sont devenus les complices actifs d’un système qui détruit notre pays de l’intérieur.
Le cas de la récente affaire des terrains spoliés à Libreville est révélateur de cette gangrène judiciaire. Des juges ont sciemment rendu des décisions en faveur de puissants hommes d’affaires, au détriment des citoyens modestes qui voyaient leurs propriétés confisquées sans aucun recours. Ces juges, loin d’incarner l’intégrité, se sont transformés en prédateurs légaux, instrumentalisant la justice pour leur propre profit.
Le président de la République ne peut plus se permettre de rester inactif face à une telle dérive. Il est grand temps de mettre fin à ces pratiques héritées de l’ère Bongo, où le vol, le despotisme, et le désordre étaient érigés en règles de gouvernance. Il est impératif de démasquer ces criminels en col blanc, ces gangsters en toge, et de les traduire en justice. La transition actuelle doit marquer une rupture nette avec ce passé sombre, en rétablissant l’ordre et la probité au cœur de notre administration et de notre justice.
Le peuple gabonais mérite mieux. Il est temps que les autorités agissent avec fermeté et détermination pour éradiquer ces gangs de l’ombre, qui menacent non seulement la stabilité de notre pays, mais aussi l’espoir d’un avenir meilleur. Le Gabon ne peut plus se permettre de tolérer ces criminels qui, sous couvert de respectabilité, détruisent tout sur leur passage. L’heure de la rédemption a sonné, et elle doit être impitoyable.