Investiture d’Oligui : un beau geste traditionnel entaché par un marabout controversé

L’investiture du président Oligui Nguema a surpris par un détail apprécié : l’intégration d’un rituel traditionnel en hommage aux ancêtres. Mais la présence controversée de Junior Ndong Ndong, ancien protégé du marabout Accrombessi, jette une ombre inquiétante sur ce moment de communion nationale.

Dans un pays en quête de renaissance, tout symbole compte. Lors de la cérémonie d’investiture du Général Brice Clotaire Oligui Nguema, un geste fort a été salué par de nombreux Gabonais : le recours à un rite ancestral pour bénir le nouveau chef de l’État, dans un souci de réconciliation avec les valeurs profondes de notre culture. Un acte hautement symbolique, qui aurait pu marquer un tournant décisif dans la volonté de bâtir un Gabon nouveau, enraciné dans sa tradition et respectueux de ses esprits fondateurs.

Mais voilà : le messager a trahi le message.

Celui qui a officié en tant que maître de cérémonie mystique, Junior Ndong Ndong, n’est pas un inconnu. Ancien conseiller à la présidence sous Ali Bongo, il est surtout connu pour avoir été l’un des protégés du tristement célèbre Maixent Accrombessi, le Béninois présenté comme le marabout attitré d’Ali, et soupçonné d’avoir trempé dans les pratiques occultes et les crimes rituels qui ont endeuillé le pays pendant des années.

Junior Ndong Ndong, autrefois dans l’entourage présidentiel, avait été écarté après la chute de son mentor. Depuis, il s’était reconverti en « maître spirituel », apparaissant dans des émissions ésotériques sur certaines chaînes locales. Mais son retour en pleine lumière, à l’occasion d’un événement aussi solennel, fait grincer des dents. Pour beaucoup, cette image trouble de l’ancien régime mystico-politique refait surface là où l’on attendait une rupture claire.

Ci-dessous, le rituel traditionnel en hommage aux ancêtres.

Non pas dans l’acte de faire appel à la tradition qui mérite d’être félicité mais dans le choix de l’homme pour l’incarner. Car en convoquant Junior Ndong Ndong, ce n’est pas l’héritage noble des ancêtres que l’on a mis à l’honneur, mais le spectre du Bongoïsme maraboutique, celui des manipulations de l’ombre, des pactes obscurs, et des pouvoirs sans visage.

Le peuple gabonais attend du changement. Il réclame un État respectueux des valeurs traditionnelles. Si le Général Oligui souhaite réellement incarner la rupture, il devra éviter que des symboles de l’ancien système ne se glissent, fardés en gardiens de la tradition, dans les rouages de la 5éme république.

Rendre hommage aux ancêtres, oui. Réhabiliter les marabouts de l’ombre, non.

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