Depuis 24 heures, une vidéo poignante fait le tour des réseaux sociaux : celle d’une jeune aveugle, brillante et résiliente, ayant réussi son baccalauréat avec la mention de 13,88/20, se voit malheureusement privée de bourse en raison d’une bureaucratie inflexible. Cette situation a provoqué une vague d’indignation tant au Gabon qu’à l’international, mettant en lumière une faille profonde dans la politique sociale du pays.
Le cas de cette jeune fille n’est pas isolé. Deux autres jeunes, un garçon aveugle et une fille sourde, ont également obtenu leur baccalauréat mais sont confrontés aux mêmes difficultés avec l’Agence Nationale des Bourses et Stages (ANBG). Cette réalité révèle un système où les véritables besoins des personnes en situation de handicap sont systématiquement négligés. Dans un pays où les privilèges sociaux sont souvent réservés à ceux qui sont déjà bien placés, notamment les salariés de l’État ou des grandes entreprises privées, les personnes vulnérables se retrouvent souvent abandonnées.
Un malade mental abandonné dans une rue de la capitale gabonaise
Cette situation met en exergue une crise de la justice sociale au Gabon, où l’égalité des chances est une notion largement inapplicable. La priorité devrait être donnée à ceux qui, malgré leurs défis personnels, montrent une détermination et un potentiel exceptionnels. Au lieu de cela, la politique sociale semble favoriser les plus nantis, laissant les plus vulnérables se débrouiller seuls.
L’honorable député Jeoffroy Foumboula Libeka a proposé une loi visant à promouvoir et protéger les personnes vivant avec un handicap, actuellement en examen. Si cette loi est adoptée d’ici décembre 2024, elle pourrait marquer un tournant crucial dans la politique sociale gabonaise. Cependant, il est essentiel que cette réforme ne se limite pas à un geste symbolique, mais qu’elle soit accompagnée d’une mise en œuvre effective et d’un engagement réel en faveur des personnes vulnérables.
Pour se loger , certaines personnes handicapées sont parfois obligées de squatter des anciens bâtiments abandonnées
Il est impératif que le Gabon réévalue ses priorités. La société doit se construire autour de principes d’équité et de solidarité véritable. Les jeunes en situation de handicap ne doivent pas être des laissés-pour-compte mais doivent bénéficier d’un soutien constant et approprié. Le gouvernement doit montrer qu’il prend en charge la justice sociale en mettant en place des politiques réellement inclusives. Le développement du pays ne peut se faire sans un socle social solide, et il est temps que cette réalité soit reconnue et intégrée dans les actions concrètes.