Dans un geste surprenant, le président français Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024, suite aux élections européennes où le Rassemblement National (RN) d’extrême droite a remporté 31,5 % des voix, selon Ipsos. Ce résultat dépasse largement la performance de la majorité présidentielle, incitant Macron à organiser de nouvelles élections législatives prévues pour les 30 juin et 7 juillet.
Dans une allocution télévisée, Macron a souligné son engagement envers une Europe unie et forte, affirmant que la montée des mouvements nationalistes et populistes constituait une menace non seulement pour la France, mais aussi pour l’Europe et sa position mondiale. Il a décrit les politiques de l’extrême droite comme préjudiciables à l’économie française et à sa position internationale, mettant en avant sa détermination à contrer cette tendance.
La décision de dissoudre l’Assemblée a été inattendue, étant donné les signaux précédents de l’entourage de Macron qui minimisaient la nécessité de changements drastiques en réponse aux résultats des élections européennes. Cependant, Macron a choisi de relever le défi lancé par le Rassemblement National, dirigé par Jordan Bardella, qui avait appelé à cette dissolution, cherchant ainsi un nouveau mandat des électeurs français.
Marine Le Pen du Rassemblement National a salué la dissolution comme une étape logique dans le cadre des institutions de la Ve République, exprimant la préparation de son parti à diriger le pays. En revanche, Raphaël Glucksmann du Parti Socialiste a critiqué la décision, la voyant comme une preuve de l’incapacité de la majorité présidentielle à assumer ses responsabilités. François Bayrou du MoDem a loué le courage de Macron de prendre ce risque pour sortir le pays de l’impasse politique, tandis que Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise a affirmé la volonté de son parti de se confronter aux électeurs, soulignant leur confiance en la souveraineté populaire.
Historiquement, il s’agit de la sixième dissolution de l’Assemblée nationale sous la Ve République, une mesure précédemment utilisée lors de crises politiques significatives. Charles de Gaulle l’a utilisée en 1962 et 1968 pour consolider le pouvoir et répondre aux troubles sociaux. François Mitterrand a dissous l’Assemblée en 1981 et 1988 pour obtenir une majorité parlementaire. La dissolution de Jacques Chirac en 1997 a conduit à une cohabitation inattendue avec la gauche jusqu’en 2002.
La décision de Macron est un pari calculé, visant à réaffirmer son mandat et à contrer l’influence croissante de l’extrême droite en s’adressant directement au peuple français. Les prochaines élections testeront la résilience de son leadership et la direction du paysage politique en France.
Source : RFI