La question de la date des élections en Guinée agite les esprits. Bien que rien ne soit encore fixé, des rumeurs circulent sur un calendrier qui pourrait s’accélérer, avec une possible présidentielle dès l’année prochaine. Selon Africa Guinée, le plan de transition, qui prévoyait initialement des élections de la base au sommet, pourrait être chamboulé. Les autorités envisagent désormais de commencer par la présidentielle, suscitant des inquiétudes au sein de l’opposition.
Ce revirement rappelle la stratégie adoptée par le président de la transition au Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema. Tout comme Doumbouya, Oligui Nguema semble manœuvrer pour se positionner en tant que candidat, naviguant habilement entre la légitimité et la nécessité d’un retour à l’ordre constitutionnel. À Conakry, Amara Camara, porte-parole de la présidence, a exprimé la « soif des Guinéens de voir leur futur président », tout en laissant entendre que la candidature de Mamadi Doumbouya n’est pas à exclure. Ce point de vue est partagé par des membres du gouvernement, qui soulignent qu’aucune interdiction ne s’oppose à sa candidature.
Cette situation suscite la colère de l’opposition, qui dénonce une décision unilatérale. Marc Yombouno, ancien ministre, a souligné que les décisions politiques devraient impliquer le CNRD, le gouvernement, et les Forces vives de Guinée. La situation devient d’autant plus préoccupante lorsqu’on considère le manque de clarté autour du calendrier de la transition, après trois ans d’incertitudes.
La comparaison avec le Gabon est pertinente. Oligui Nguema a également fait preuve d’une certaine audace dans ses choix, notamment en se plaçant comme un candidat potentiel malgré les promesses de retour rapide à la démocratie. Les deux dirigeants semblent vouloir solidifier leur pouvoir tout en cultivant une apparence de légitimité par le biais d’élections.
WakatSéra souligne que, pour Doumbouya, l’issue des élections pourrait être un moyen de « se faire une virginité par les urnes ». De la même manière, Oligui Nguema pourrait voir dans cette stratégie une opportunité d’assurer sa position tout en répondant aux attentes d’un peuple avide de changement.
L’opposition guinéenne, face à cette situation, se trouve dans une impasse. Tandis que Doumbouya demeure silencieux sur ses intentions, le climat politique devient de plus en plus tendu. Les interrogations sur son désir de briguer la magistrature suprême se multiplient. La charte de transition guinéenne interdit cette possibilité, mais les discours de certains membres de la junte suggèrent que cette interdiction pourrait être contournée, tout comme on l’observe au Gabon.
Les critiques pointent également l’attitude de la communauté internationale, souvent perçue comme complice des dérives autoritaires. En Guinée, les répressions et disparitions de citoyens qui ont eu lieu avant le coup d’Etat restent impunies, tout comme au Gabon.
Il est légitime de se demander si, dans cette danse du pouvoir, Doumbouya puise son inspiration dans le livre de stratégies d’Oligui Nguema, un adepte de Machiavel. Les deux hommes, tout en naviguant des eaux tumultueuses, semblent prêts à tout pour maintenir leur emprise, au détriment des promesses de démocratie et de transparence.
Au final, la situation en Guinée demeure précaire, et les Guinéens, tout comme les Gabonais, doivent faire face à un avenir incertain, entre espoir de renouveau et crainte d’un renforcement des régimes autoritaires. La route vers des élections libres et justes semble encore longue, tant que les dirigeants continuent de s’inspirer des manœuvres d’un pouvoir consolidé.