Communiqué du ministère de l’Intérieur : les candidats à l’élection sénatoriale ont 48 heures pour déposer leurs dossiers. Pas un jour de plus, pas une minute de retard. Et tant pis si les routes sont impraticables, si les administrations sont fermées le week-end, si les candidats sont à l’intérieur du pays ou à l’étranger. Le ministre Immongault semble évoluer dans un autre monde : un monde où la pluie ne tombe pas, où la logique n’existe plus, et où l’État ne sert qu’à provoquer ceux qu’il prétend gouverner.
Ce communiqué n’est pas seulement une maladresse c’est une gifle, une provocation gratuite lancée à un peuple déjà exaspéré par le désastre électoral des dernières législatives. Rappelons ce carnage : listes manipulées, urnes égarées, favoritisme assumé, et un chaos qui aurait dû valoir à son organisateur un aller simple vers la démission. Au lieu de quoi, on le laisse recommencer. Mêmes méthodes, même arrogance, même mépris.
On pensait que l’ère Bongo était terminée, qu’avec la Transition viendrait une respiration démocratique. Mais non : on ressort les vieilles recettes de l’humiliation publique. Deux jours pour constituer un dossier complet ? En plein week-end ? En pleine saison des pluies ? Ce n’est plus une élection, c’est une farce administrative, un guet-apens électoral monté avec la précision d’un sabotage.
Et le pire, c’est que ce sabotage ne nuit pas seulement aux candidats. Il fragilise le président Brice Clotaire Oligui Nguema lui-même, déjà accusé d’avoir laissé se dérouler un scrutin législatif digne d’un mauvais canular. À ce rythme, il n’aura bientôt plus besoin d’opposition : son propre gouvernement se charge de creuser la tranchée entre lui et le peuple. Car soyons clairs : la majorité des Gabonais ne se reconnaîtront pas dans les représentants issus de ces élections brouillonnes et entachées de suspicion. Ce Sénat et cette Assemblée nationale risquent d’incarner tout sauf la volonté populaire.
Dans un pays où la colère couve, allumer encore une étincelle est une folie politique. En mettant le feu ainsi, nul ne peut dire où tout cela pourrait mener. Cette décision ne protège ni ne renforce le président ; elle expose plutôt le pouvoir à une contestation populaire massive.









